Les Si-Constructions et la fonction sujet en français contemporain

Contrairement a ce qui est couramment postule dans les analyses traditionnelles, il apparait que les constructions en Si dotees d’un semantisme conditionnel ne peuvent pas toujours etre ramenees a de simples « circonstancielles ». Nous montrons, a partir de la description de donnees attestees a l’oral comme a l’ecrit, que certaines Si-Constructions gagnent a etre analysees comme une forme de realisation du sujet syntaxique. Cette realisation ne se fait jamais directement mais passe par un habillage grammatical specifique, qui prend deux formes distinctes : d’une part, les enonces pseudo-clives en « ce qui… c’est si … » du type « ce qui serait grave c’est s’il y a un accident mortel » (oral) ; d’autre part, certains enonces a dislocation comme « Et maintenant, si vous pouviez me foutre la paix, ca m’arrangerait singulierement. » (ecrit, Vian). Les verbes constructeurs engages dans ces structures sont tres majoritairement lies a l’expression de l’evaluation, si bien que les verbes compatibles avec les structures pseudo-clivees le sont aussi avec les structures a dislocation. Dans leur capacite a faire entrer les Si-Constructions dans la sphere du sujet, ces deux types de constructions apparaissent ainsi comme tres voisins. Un trait fondamental qui les unit, et qui permettrait sans doute de rendre compte de cette similitude de comportement syntaxique, est que tous les deux s’organisent selon un principe de « specification progressive » : la place de sujet est doublement realisee, par un pronom (ce qui ou ca) et par un element lexical donne dans la Si-C. La similitude n’est cependant pas totale puisque dans les pseudo-clivees, la Si-Construction a pour nous un plein statut de sujet, alors que dans les structures a dislocations, il nous a semble preferable de lui accorder un statut de « quasi-sujet ».