Complications à long terme des injections massives de silicones non médicaux : étude clinique et cytologique chez 77 transgenres ☆

2016 
Introduction Les injections de silicones (IS), tres pratiquees chez les transgenres (TG) peuvent entrainer des complications aigues emboliques, des infections et des manifestations inflammatoires plus chroniques (« siliconomes »). Nous rapportons les donnees d’une etude transversale pilote evaluant la diffusion sanguine des silicones dans les monocytes circulants, et les complications dermatologiques observees chez ces patients. Materiel et methodes Tous les TG consultant de Juin a novembre 2015 en dermatologie et maladies infectieuses ont ete inclus apres consentement. Les donnees demographiques (atcd medico-chirurgicaux, statut VIH, co-infections, prise d’hormones, protheses mammaires et IS), cliniques (complications locales ou a distance des sites injectes), cytologiques (frottis sanguin : recherche et quantification de vacuoles intracellulaires, proportion de monocytes « vacuolises ») immunovirologique (CD4, ARN VIH plasmatique), et parametres d’inflammation (CRP, ferritine) ont ete recueillies. Les variables quantitatives etaient comparees par test de Wilcoxon, les variables qualitatives par test exact de Fisher (Logiciel R Stat 3.0). Resultats Au total, 77 TG etaient inclus : âge moyen : 40 ans (20–68), 79 % etaient VIH+, traites et bien controles (645 CD4 ± 268, ARN-VIH bas ou indetectable). Les TG VIH+ etaient plus âges (42 vs. 35 ans ; p  = 0,002). Tous les TG avaient recu des IS, non medicales (93 %), en quantite variable (4 ± 2,79l, 0,5–15l), principalement dans les hanches et les fesses, en moyenne 16 ans avant (2–36 ans) et presentaient au moins une complication : migration-varices (MV) 70 %, pigmentation-inflammation 56 %, infection-abces 14 %. Le statut VIH n’influait pas sur le type de complications notees. La presence de MV etait associee a l’anciennete des injections (17 vs. 13 ans ; p  = 0,025). Tous les frottis montraient des vacuoles monocytaires (94 % des monocytes, moyenne 8,6 vacuoles/monocyte [3–14]). La presence de vacuoles n’etait pas correlee aux parametres suivants : volume des IS, delais/injections, statut VIH, taux de CD4, parametres inflammatoires. Le nombre de vacuoles/monocyte etait plus eleve chez les sujets VIH- (10 vs. 8 ; p  = 0,035) Discussion Cette etude pilote confirme la prevalence elevee des complications dermatologiques des IS chez les TG et montre la presence la diffusion et la persistance chronique voire definitive du silicone dans le sang apres IS. Le terme silicone englobe des substances diverses. Une caracterisation des produits injectes, du phenotype et de la fonctionnalite de ces monocytes « satures » vont faire l’objet d’etudes complementaires. Conclusion La diffusion systemique des silicones dans l’organisme apres IS et la persistance chronique de silicone circulant intramonocytaire est inevitable. Les consequences immunologiques de cette saturation restent a determiner. Un message de prevention doit etre diffuse pour eviter ces pratiques et prevenir les complications.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []