Terres agricoles face à la ville : logiques et pratiques des agriculteurs dans le maintien des espaces agricoles à Antananarivo, Madagascar

2020 
Les villes et leurs agricultures s'influencent et produisent en commun des innovations (Robineau, 2015). En Afrique, les agglomerations urbaines ont les taux de croissance les plus eleves au niveau mondial. Elles accueilleront 64 % de la population du continent en 2050 (Steel, 2017). Les villes s'etendent et font pression sur les espaces agricoles qui les entourent et qui, paradoxalement, les alimentent. Ainsi, les espaces agricoles, souvent presentes comme des reserves foncieres pour l'extension des villes, sont le lieu de forte competition entre usages. Cette concurrence parfois aigue pour l'acces a la terre conduit a l'institution de nouveaux rapports de force entre acteurs de l'agricole et acteurs de l'urbain. Dans des contextes de pluralite des droits sur la terre, se pose la question des moyens dont disposent les agriculteurs pour securiser leur acces aux facteurs de production et eviter les cas de depossession fonciere. Dans des agglomerations urbaines, d'une part, caracterisees par le peu d'alternatives d'emplois dans les secteurs secondaires et tertiaires et la defaillance des infrastructures de transport et de chaines du froid, et, d'autre part, marquees par des evenements climatiques extremes (inondation), le role de l'agriculture urbaine est notable pour le developpement socio-economique. La question des conditions de son maintien dans les villes se pose (De Zeeuw, 2011). A Antananarivo, capitale de Madagascar, l'agriculture est au cœur du systeme urbain. Source d'aliments pour les urbains, elle represente une activite economique cle pour un tiers des menages et joue un role majeur dans la protection de la ville contre les inondations (Aubry et al, 2012). Mais elle evolue vite du fait d'une croissance demographique rapide, de l'arrivee massive de jeunes sur le marche de l'emploi, du renforcement des inegalites socio-economiques et d'une forte instabilite (politique, climatique, budgetaire) (Razafindrakoto, 2015). A Antananarivo, plusieurs dynamiques coexistent : disparition de certains bas-fonds agricoles sous la pression des remblais illegaux en centre-ville, extension des parcelles de maraichage sur les collines peri-urbaine de la ville ou developpement de nouvelles formes d'elevage intensif au contact de l'urbain. Il est ainsi difficile de savoir si les surfaces et les activites agricoles diminuent au profit de l'urbanisation ou si au contraire, elles augmentent tirees par la demande alimentaire urbaine. Dans des contextes marques par des fortes competitions entre usages, il devient difficile de juger si la pression fonciere engendre l'exclusion des plus demunis ou permet de facon continue l'acces des jeunes et des urbains sans emploi au foncier agricole. Cette recherche en geographie visera a qualifier : (i) l'evolution spatiale du systeme agro-urbain, (ii) les competitions et strategies foncieres sous tendant cette evolution et, enfin, (iii) le role des systemes de gouvernance dans l'acceleration ou l'attenuation de ces processus d'inclusion et/ou d'exclusion.
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