Mesurer pour prévenir ? Entre mise en nombre et mise en ordre

2016 
Dans de nombreux travaux de sciences sociales qui ont investi la question de la quantification depuis une vingtaine d’annees, les activites de mesure, la place et le role des chiffres sont prioritairement analyses a l’aune de leur encastrement dans des dispositifs d’evaluation. Toujours plus pregnante dans les pratiques organisationnelles, privees ou publiques, la quantification est au cœur de l’exercice du pouvoir, et interpelle a ce titre les chercheurs : chiffrer, compter, calculer, c’est decider, justifier, gouverner. Desormais souvent problematises en termes d’une «politique des nombres», a la suite des syntheses fondatrices de la sociologie des statistiques officielles des Etats (Alonso et Starr, 1987 ; Desrosieres, 1993), les appuis et les usages bureaucratiques comme experts du chffre se sont – legitimement – constitues non seulement en principaux objets de recherche, mais aussi de critique, pour la sociologie et les sciences politiques. Un vaste ensemble de travaux de sociologie politique portant sur les « instruments d’action publique » (Lascoumes et Le Gales, 2004) mettent ainsi volontiers en avant le fait que ces derniers incorporent des visions implicites des problemes qu’ils sont censes contribuer a resoudre, et ce faisant, «filtrent et simplifient» (Lorrain, 2006) la definition de ces problemes (Le Bourhis, 2007), ce qui se traduit parfois par des biais et des effets pervers (Bruno et Didier, 2013). Toutefois, la quantification et ses effets ne relevent pas d’une activite et d’une logique univoques, reductibles a ce seul contexte. C’est ce que permet de souligner la variete des approches developpees par plusieurs traditions disciplinaires qui s’interessent a la conception, aux appropriations individuelles et collectives et aux usages de la mesure et des chiffres en societe.
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