Géo-épidémiologie du paludisme dans la région centre du Sénégal : instabilité spatio-temporelle des zones à haut risque et facteurs associés

2020 
Introduction Dans les zones ou le paludisme est endemique, l’identification des hotspots spatio-temporels est devenue un element important des strategies de lutte ciblee. Cependant peu d’etudes se sont interessees aux caracteristiques de leur variation spatio-temporelle. L’objectif de ce travail etait de decrire la variation spatio-temporelle des hotspots du paludisme et d’identifier les facteurs meteorologiques, environnementaux et preventifs associes a cette variation. Methodes Cette etude a ete realisee sur 575 villages (environ 500 000 habitants) au Centre-Ouest du Senegal de janvier 2008 a decembre 2012. Cette zone a ete l’objet d’un essai clinique sur la chimio-prevention saisonniere (CPS) du paludisme. Les taux d’incidence hebdomadaire de chaque village ont ete determines en rapportant les cas de paludisme cliniques confirmes par test de diagnostic rapide issus de cet essai clinique aux populations annuelles. Les cumuls hebdomadaires des precipitations et le type de vegetation annuel ont ete obtenus pour chaque village a partir de la teledetection. La serie temporelle de l’incidence hebdomadaire du paludisme de l’ensemble de la zone d’etude a ete divisee en periodes de transmission avec la methode d’identification des points de changement (« Change point analysis »). Ensuite les villages hotspots de paludisme ont ete detectes pour chaque periode de transmission avec la methode de balayage de Kulldorf (SaTScan). Pour finir, les effets des precipitations, du type de vegetation et de l’intervention de la CPS sur la variation spatio-temporelle des hotspots entre les periodes de transmission du paludisme ont ete evalues a l’aide d’un modele additif generalise mixte (GAMM). Resultats Le taux d’incidence hebdomadaire de la zone d’etude variait entre 0 et 115 cas/100 000 personne-semaines. L’analyse a donne cinq periodes de basse transmission (LTP) et cinq periodes de haute transmission (HTP). Durant les periodes de haute transmission l’incidence variait entre 7,5 et 38 cas/100 000 personne-semaines et le nombre de villages hotspots entre 62 et 147, tandis que celle des periodes de basse transmission etait entre 0,8 et 2,7, et le nombre de villages hotspots entre 10 et 43. L’analyse a montre aussi que la CPS du paludisme diminuait le risque hotspots d’un village (OR = 0,48, IC95 % : 0,33–0,68). L’analyse a mis en exergue que l’effet de la pluie sur le risque hotspot d’un village dependait du type de vegetation. Un seuil a partir duquel la pluie devenait un facteur de risque a ete mis en evidence selon chaque type de vegetation. Pour finir, le risque hotspot dependant de la localisation geographique des villages sur l’ensemble de la periode etudiee a ete estime. Conclusion Dans notre etude, les villages hotspots du paludisme variaient dans l’espace et dans le temps en fonction d’une combinaison de facteurs meteorologiques, environnementaux et preventifs. La CPS etait un facteur protecteur et la pluie un facteur de risque a partir d’un seuil dependant du type de vegetation. Cette etude a montre l’importance de comprendre la dynamique du paludisme a travers de petites echelles spatiales (villages, postes de sante, etc.) et d’adapter les strategies de luttes dans un contexte epidemiologique local.
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