Continuités, instabilités et ruptures morphogéniques en Provence depuis la dernière glaciation. Travertinisation, détritisme et incisions sur le piémont sud du Grand Luberon (Vaucluse, France). Relations avec les changements climatiques et l'anthropisation.

2006 
L'evolution des paysages provencaux (sud Luberon, Vaucluse, France) depuis la derniere glaciation est analysee au travers de la dynamique couplee des formations alluviales et des systemes travertineux, en relation avec les changements climatiques et l'anthropisation. Des analyses geomorphologiques, sedimento-stratigraphiques et physico-chimiques, dont les resultats sont incrementes par des etudes archeologiques et paleoecologiques (malacologie et anthracologie) ainsi qu'une cinquantaine de datations 14C, constituent les fondements d'une etude a vocation pluridisciplinaire sur les relations Homme/milieu en France mediterraneenne. Aux environs de 50 Ka BP, les vallons du piemont sud du Grand Luberon sont colmates par de puissants glacis d'accumulation depassant frequemment les 30 metres d'epaisseur et remaniant un abondant materiel torrentiel caillouteux contenant des gelifracts. A leur base, plusieurs « sols rouges » et leur contenu paleontologique, indiquent le caractere plus tempere des episodes interstadiaires du Stade Isotopique 3 en domaine mediterraneen. Entre le Dernier Maximum Glaciaire et le Tardiglaciaire (18000-17000 cal BP. ?), periode charniere au niveau bioclimatique, une incision majeure intervient, surprenante par son ampleur et sa rapidite. Des 15500 cal. BP, la tendance morphogenique s'inverse et l'on assiste a une reprise de l'accumulation sedimentaire dans les fonds de vallons. Au sein de cette nouvelle dynamique, de puissantes formations travertineuses se developpent aux debouches d'exsurgences karstiques et signent le rechauffement climatique engage. Celles-ci constituent jusqu'a present le plus ancien temoignage du « redemarrage » postglaciaire de la travertinisation dans le sud de la France. Par la suite, et dans l'ensemble des formations detritiques et carbonatees, deux incisions principales se produisent vers 9000 et 6000 cal. BP en alternance avec des phases de remblaiements. Les fluctuations morphogeniques de cette premiere partie du Postglaciaire s'accordent, et semblent principalement infeodees, aux variations des parametres bioclimatiques. Des le Neolithique Final, dans un contexte d'augmentation des occupations humaines, les sequences enregistrent une serie de ruptures (incisions) de haute frequence et de faible amplitude. Ces perturbations sont accompagnees de changements de facies dans les systemes carbonates et d'ouvertures fortes du milieu vegetal determinees par les analyses paleoecologiques. Le caractere particulierement sensible des ensembles travertineux aux modifications d'origine climato-anthropique du biotope est ainsi souligne. Entre le XIeme et le XIIIeme siecle apres Jesus Christ, on note l'interruption, de l'accumulation des travertins et le demantelement des formations l.s. (et non entre la fin du Neolithique et la periode antique comme il etait communement admis). C'est egalement dans le meme intervalle que s'instaure la dynamique majeure d'incision lineaire des talwegs bien connue dans le sud de la France, mais jusqu'a present rangee dans une chronologie incertaine. Posterieurement au XVIIeme siecle, au cours du Petit Age Glaciaire, une derniere periode de remblaiement detritique plus modeste debute. A terme, celle-ci est interrompue par une ultime phase d'incision toujours effective aujourd'hui. L'action conjuguee des oscillations climatiques et des modes d'occupation des societes humaines sur le milieu « naturel » apparait comme le principal moteur d'une morphogenese mouvementee au cours de la deuxieme partie du Postglaciaire.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    6
    Citations
    NaN
    KQI
    []