La nutrition des mille premiers jours : quels enjeux ?
2020
Resume Durant les 1000 premiers jours de la vie, le role « traditionnel » de la nutrition est de fournir les « materiaux » requis pour assurer la croissance du bebe et son developpement psychomoteur, mais un « nouvel » enjeu est apparu a la fin du 20e siecle : on sait desormais que la nutrition recue par le fœtus et l’enfant de 0 a 2 ans a un effet remanent qui « programme » le risque du futur adulte de souffrir de maladies chroniques pendant le reste de sa vie. Une denutrition in utero par reduction des apports en acides amines au fœtus est responsable de la restriction de croissance intra-uterine (RCIU), qui augmente non seulement la morbi-mortalite perinatale mais aussi le risque de maladie chronique, notamment d’obesite, hypertension, diabete de type 2 et d’insuffisance coronarienne, chez le futur adulte. Ces observations ont conduit au concept de l’origine precoce des maladies de l’adulte (developmental origins of health and disease [DOHaD]). Les mecanismes sont encore incompletement elucides. Ils impliquent des alterations de la croissance de certains organes, des modifications epigenetiques, une surexposition fœtale au cortisol, ou la transmission maternofœtale de modifications du microbiote, ou la croissance de rattrapage (catch-up) par elle-meme. Apres la naissance, une denutrition est frequente chez le premature et induit un retard de croissance extra-uterin (RCEU), lui-meme suivi d’une croissance de rattrapage tardive (catch-up growth) qui a un impact nocif sur le futur adulte. Meme si on est encore loin de comprendre les mecanismes de l’empreinte de la nutrition des 1000 premiers jours, des pistes simples de prevention existent deja. Elles reposent sur l’optimisation de la nutrition de la femme enceinte, l’intensification de la nutrition des prematures en neonatologie, et la promotion de l’allaitement maternel.
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