Données récentes de pharmacosurveillance du fentanyl d’action rapide : alerte sur le mésusage
2021
Introduction Depuis 2003 sont commercialisees des specialites de fentanyl d’action rapide (FAR) par voie transmuqueuse buccale (Abstral®, Actiq®, Breakyl®, Effentora® et Recivit®) ou nasale (Instanyl® et Pecfent®). Elles sont indiquees uniquement dans le traitement des acces douloureux paroxystiques chez les patients adultes recevant deja un traitement de fond opioide pour des douleurs chroniques d’origine cancereuse. Leur pharmacocinetique -forte absorption, action rapide- majore les risques d’abus/dependance et de surdoses [1] . Face au possible mesusage des FAR, l’ANSM a mis en place un suivi national realise par les 2 reseaux nationaux de pharmacovigilance et d’addictovigilance, dont nous presentons ici les donnees actualisees. Methodes Analyse des cas cliniques rapportes aux reseaux de pharmacosurveillance et des donnees des enquetes pharmaco-epidemiologiques d’addictovigilance. La periode d’etude s’etend du 01.01.2016 au 30.06.2019 pour Abstral®, Actiq®, Effentora®, Instanyl® et Pecfent® (suivies depuis 2009) et d’avril 2013 et juin 2014 au 30.06.2019 pour les specialites plus recemment commercialisees (Breakyl® et Recivit®). Resultats Au total, 328 cas signales aupres des reseaux de pharmacovigilance et d’addictovigilance ont ete retenus et analyses. L’analyse montre un non-respect des recommandations, persistant depuis le debut du suivi : indications hors AMM (56 %), absence ou insuffisance de traitement de fond (31 %), frequence de prises superieure a 4 par jour (au-dela de laquelle le risque de surdosage opioide est majeur) [41 %]. Le nombre de surdoses a plus que double entre 2015 et 2019 (13 % entre 2016 et 2019 vs 5 % entre 2013 et 2015) ( Fig. 1 ). Parmi les 328 cas signales entre 2016 et 2019, 47 % des patients presentent un abus et/ou une dependance de FAR (vs 32 % entre 2013 et 2015). 70 % de ces cas concernent des patients avec des douleurs hors cancer, principalement rhumatologiques ou neuropathiques. Pour pres de 30 % des cas d’abus/dependance, le traitement de fond est inexistant ou insuffisant. Les femmes comme les hommes sont concernes et meme si le comprime avec applicateur buccal et les sprays nasaux sont plus frequemment rapportes, toutes les specialites de FAR font l’objet de mesusages et d’abus. Discussion Un mesusage tres important en termes de non-respect de l’AMM persiste [2] . L’addictovigilance pointe, de plus, sur une problematique d’abus/dependance en augmentation chez des patients souffrant majoritairement de douleurs chroniques non cancereuses pour lesquelles, de surcroit, le FTM est inefficace. A la lumiere de ces informations, il apparait necessaire que les prescripteurs soient informes des consequences d’une prescription de FTM non adaptee, et sensibilises a l’importance d’une prescription aux seuls patients relevant de l’AMM, en association avec un traitement de fond opioide stabilise.
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