Pneumopathie à éosinophiles chez un patient atteint de psoriasis en plaques traité par ustékinumab

2015 
Resume Introduction L’ustekinumab (Stelara ® ) a montre son efficacite dans le psoriasis. De nombreux effets indesirables ont ete signales avec ce medicament, mais ils ont rarement necessite un arret du traitement. Nous rapportons un cas de pneumopathie a eosinophiles survenue sous ustekinumab. Observation Un patient de 71 ans presentait un psoriasis en plaques avec indication a une biotherapie. Le bilan pre-therapeutique trouvait un test interferon gamma pour M. tuberculosis (Quantiferon ® ) tres positif, sans anomalie en tomodensitometrie (TDM) thoracique. Le patient etait traite par bi-antibiotherapie antituberculeuse, puis l’ustekinumab etait introduit. Sept mois plus tard, le patient se plaignait d’une toux resistant aux antibiotiques. Une TDM thoracique objectivait de discretes plages en « verre depoli » predominant aux lobes superieurs et quelques adenopathies mediastinales centimetriques. Le liquide de lavage broncho-alveolaire comptait 800 elements/mm 3 , dont 34 % d’eosinophiles. Il existait une hypereosinophilie sanguine a 1480 G/L. Il n’y avait pas d’argument pour une cause infectieuse ni tumorale. Le diagnostic de pneumopathie a eosinophiles etait retenu. Le traitement par ustekinumab etait arrete. Dix semaines plus tard, le patient s’aggravait et apres un nouveau bilan, une corticotherapie generale etait introduite a raison de 1 mg/kg/j de prednisone. Apres sept mois, le patient etait asymptomatique, l’hypereosinophilie etait normalisee et la TDM thoracique ne montrait pas d’anomalie residuelle, permettant l’arret de la corticotherapie. Le psoriasis avait rechute mais etait bien controle par des traitements locaux. Discussion Le poumon eosinophile regroupe differentes affections caracterisees par une infiltration du parenchyme pulmonaire par des eosinophiles, associee ou non a une eosinophilie circulante. De nombreux medicaments sont susceptibles d’induire un poumon eosinophile. Le diagnostic de poumon eosinophile d’origine medicamenteuse est difficile, car les manifestations cliniques et radiologiques peuvent se developper dans un delai variable apres l’introduction du medicament, et ne sont pas specifiques. L’evolution peut etre spontanement favorable a l’arret du medicament incrimine ou necessiter une courte corticotherapie dans les formes graves. Un cas de pneumopathie a eosinophiles survenue sous ustekinumab a deja ete rapporte, soutenant l’hypothese de la responsabilite de ce medicament chez notre patient. Une hypereosinophilie secondaire a l’utilisation d’autres biotherapies a aussi ete rapportee, notamment avec les anti-TNF-alpha. Si l’eosinophilie isolee peut etre resolutive malgre le maintien du traitement et ne justifie pas son arret, une atteinte d’organe doit faire discuter l’interruption de la biotherapie. En conclusion, devant une toux persistante chez un patient sous biotherapie pour un psoriasis, apres avoir elimine une cause infectieuse, une pneumopathie a eosinophiles, bien que rare, doit etre evoquee notamment en cas d’hypereosinophilie sanguine.
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