Evaluation au Sénegal du devenir des enfants transférés pour chirurgie cardiaque

Malgre la prevalence elevee des cardiopathies de l'enfant dans les pays en developpement, l'acces a la chirurgie cardiaque y est tres limite, ce qui a motive de nombreuses actions humanitaires. Cependant, les resultats a long terme des transferts a l'etranger pour traitement chirurgical sont tres mal connus. En 1999, nous avons etudie retrospectivement 168 enfants senegalais suivis a l'Hopital Principal de Dakar (cardiopathie congenitale (CC): 85 ou acquise (CA): 83) et evacues de 1987 a 1997 en Europe ou en Cote d'Ivoire pour une intervention chirurgicale, grâce a l'association Terre des Hommes. Parmi eux, 15 n'ont pas ete operes en raison d'une contre-indication ou d'un deces preoperatoire. A l'issue de l'enquete, 23 enfants etaient perdus de vue, surtout dans le groupe des CC dont une partie etait supposee guerie, et le devenir etait connu pour 145 patients (recul median de 5,6 ans): 97 etaient gueris ou en cours de suivi, la qualite de vie etant meilleure pour les CC (p=0,047), et 48 etaient decedes (16 CC et 32 CA). La mortalite perioperatoire (n=19) etait plus faible et la mortalite tardive (n=29) plus forte dans le groupe des CA (p=0,005). Dans ce groupe, la compliance au suivi etait meilleure chez les enfants ayant une prothese valvulaire. Parmi les insuffisances mitrales pures, les deces tardifs etaient plus frequents apres prothese qu'apres plastie (p=0,04). En l'absence d'etude comparative, la mortalite elevee s'explique en partie par les delais d'evacuation importants apres la decision du transfert. Nos resultats plaident pour des actions favorisant la realisation des interventions dans les pays en developpement.