Le lupus systémique est un facteur de risque d’infection à chikungunya grave : analyse de 15 cas aux Antilles françaises

2014 
Introduction Les infections sont une des principales causes de mortalite et de morbidite au cours du lupus systemique (LS). Le chikungunya (CHIK) est une arbovirose transmise par les moustiques qui se caracterise par une polyarthrite aigue febrile, souvent persistante et invalidante, volontiers accompagnee d’une eruption cutanee. Des formes graves avec atteintes neurologiques, cardiaques ou hepatiques sont decrites, avec un groupe tres a risque que sont les nouveau-nes. Les Antilles francaises etant une region de forte prevalence du LS et, depuis 2013, une zone emergente de CHIK, nous rapportons le tableau initial de 15 patients ayant contracte le virus chikungunya. Aucune donnee n’existe dans la litterature sur ce sujet. Patients et methodes Une etude retrospective a ete menee de janvier a aout 2014 au CHU de Martinique. Les patients inclus presentaient un LS selon les criteres ACR 1997 et ont ete vus avec un CHIK symptomatique et une confirmation biologique (detection initiale de l’ARN viral du CHIK par PCR-RT ou presence d’anticorps de type IgM ou IgG specifiques anti-CHIK par methode Elisa). Nous avons recueilli le tableau clinique et biologique a la consultation precedente et au moment du CHIK. Resultats Quinze patients dont 12 femmes, avec un âge moyen de 50 ans (± 10,9 ans) ont ete inclus. Vingt pour cent ( n  = 3) avaient une PCR CHIK positive et 80 % ( n  = 12) une serologie CHIK positive. Au diagnostic, tous les patients presentaient de la fievre et des arthralgies dont 33 % ( n  = 5) d’arthrites, principalement au niveau des poignets et des chevilles. Une eruption cutanee etait presente % ( n  = 8), de type eruption morbilliforme (33 %, n  = 5), dermatose bulleuse (20 %, n  = 3) et œdemes des extremites (26 %, n  = 4). La CRP initiale etait en moyenne > 150 mg/L. On observait une thrombopenie et une leucopenie dans 26 % des cas ( n  = 4). Le score moyen de SLEDAI avant infection etait de 2,1 et au moment de l’infection de 4,5. Deux biopsies renales realisees devant un syndrome nephrotique de novo montraient une nephropathie lupique de classe III, des lesions de necrose tubulaire aigue et une hyalinose segmentaire et focale. Dans les 6 mois precedant le CHIK, 73 % ( n  = 11) recevaient plus de 5 mg de prednisone, 60 % ( n  = 9) etaient sous immunosuppresseur, tous recevaient de l’hydroxychloroquine. Des signes de gravite survenaient chez 3 patients (20 %) sans traitement immunosuppresseur, avec 1 syndrome d’activation macrophagique (PCR CHIK + dans la moelle a 18 jours), 1 encephalite avec purpura bulleux et 1 tableau de defaillance multiviscerale avec hypotension severe, troubles de conscience, thrombopenie grave et syndrome de fuite capillaire avec eruption cutanee de type erytheme necrolytique toxique (PCR Chik + dans le liquide de bulles a 2 semaines), aboutissant au deces. Discussion L’infection CHIK et le LS presentent des manifestations communes avec fievre, atteintes articulaires, leucopenie et thrombopenie rendant difficile le diagnostic differentiel. De plus, une poussee de lupus systemique peut etre declenchee par le CHIK. Quelques aspects du CHIK permettent toutefois de tenter de lui attribuer certaines manifestations : œdemes et douleurs acraux majeurs, localisation, forme et extension des lesions cutanees, douleurs articulaires d’horaire inflammatoire mais avec une raideur de duree courte. Conclusion En conclusion, les quelques tableaux tres graves de CHIK que nous rapportons, proches de ce qu’on voit chez le nouveau-ne, font du LS un facteur de risque important.
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