Reformulation et répétition : les événements de l’histoire

2015 
En nous inscrivant dans une approche linguistique de l’acquisition, qui met l'accent sur les formes linguistiques et syntaxiques acquises et sur les modalites linguistiques de leur acquisition au travers d’interactions (dans la perspective qui est celle de Lentin (1998)), nous souhaitons, d’une part, etudier comment l’enfant se sert des reprises et des reformulations du texte ou des paroles de ses pairs, pour raconter le texte et, d’autre part, identifier plusieurs formes de reformulations, afin d’apporter un eclairage linguistique aux perspectives didactiques pour l’apprentissage du langage a l’ecole. Nous nous interesserons au phenomene de la repetition et de la reformulation, aux formes qu’elles peuvent prendre, et aux enjeux qu’elles recouvrent : -enjeux dans l’activite de langage d’abord, avec les fonctions metalinguistiques et epilinguistiques, dont le role est mis en evidence par Jakobson (1963), puis, plus radicalement encore, par Culioli (1999) qui fait de ces ajustements du sens l’un des ressorts essentiels du dire ; -enjeux pour l’apprentissage du langage ensuite, tel qu’il se joue a l’ecole, et singulierement dans les seances ici enregistrees, ou il s’agit que la parole de chacun s’appuie sur les paroles de ses pairs, notamment en les reformulant, voire en les repetant, - ces reformulations etant concues comme des sortes de leviers pour le developpement de formes linguistiques diversifiees d’une part, pour le travail d’interpretation et d’appropriation du sens, d’autre part (Peroz, 2010) ; -enjeux dans la prise en compte du texte lui-meme, enfin. La question est alors de savoir s’il faut tout dire de l’histoire racontee, ou du texte qui la raconte, qu’il s’agit bien alors de repeter ou de reformuler. L’etude linguistique du corpus donnera l’occasion d’etudier differentes formes de reformulations et repetitions employees dans le discours de ces enfants, formes que l’on detaillera en observant les procedes linguistiques utilises et leurs effets sur le nouveau texte re-construit par les enfants. Par exemple, les reformulations qui consistent a preciser l’evenement evoque en en precisant les circonstances a la maniere de Davidson (1967) (ex : il l’a tue / il l’a mange / il l’a cuisine), ou encore celles qui viennent en quelque sorte arreter cette infinie mise en abyme des circonstances, parce qu’elles reprennent les formules memes du texte raconte (intrepide ; par mes moustaches ; petit voleur de lapin ; dans les choux et l’autre dans les pommes de terre ; quelle erreur ! ; il reprend sa course folle ; couru ventre a terre ; perturbe par les emotions de la journee ; etc.). C’est a la lumiere de ces formes que l’on se propose de prendre la question des journees : « Comment apprend-on a parler a l’ecole ? ». Et d’abord qu’est-ce que l’on apprend, concernant ici les textes et les histoires, les evenements et la facon de les dire ? Il est question notamment des verbes et de leurs syntaxes, il est question de circonstances et de leur semantique, et il est question de la profusion des choix que l’on peut avoir pour decrire un evenement au travers de telle de ses circonstances. Apprendre qu’on a le choix.
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