Les psychoses épileptiques interictales

Resume Les psychoses interictales (PI) regroupent tous les troubles psychotiques evoluant en pleine conscience chez un sujet prealablement diagnostique comme porteur d’une epilepsie, qui ne suivent pas immediatement la survenue d’une crise. Les donnees epidemiologiques demontrent l’existence d’une surrepresentation des troubles psychotiques dans l’epilepsie (taux de prevalence global de 5,6 %), situation particulierement a risque de surmortalite prematuree. Le tableau clinique des PI correspond a celui d’une schizophrenie. Les facteurs de risque les plus importants sont l’existence d’une epilepsie temporale refractaire, d’un retard cognitif et d’antecedents personnels et familiaux de psychose et/ou d’epilepsie. Il n’existe pas de modele neurobiologique explicatif satisfaisant a l’heure actuelle mais des anomalies structurelles etendues de l’encephale et des anomalies neurochimiques ont ete retrouvees dans les PI, sans marqueur neuropathologique specifique. Certains tableaux cliniques temoignent d’une affinite entre epilepsie et psychose (les crises induisent le trouble psychotique), d’autres d’un antagonisme entre les deux conditions (la disparition des crises induit le trouble psychotique), a travers les concepts de normalisation forcee et de psychose alternante. Le traitement antiepileptique peut participer au declenchement d’un trouble psychotique. La strategie therapeutique n’est pas codifiee mais repose empiriquement sur la prescription d’un antipsychotique atypique et sur une reevaluation du traitement antiepileptique. Certains antipsychotiques (clozapine, olanzapine, quetiapine) peuvent abaisser le seuil epileptogene mais la prescription d’antipsychotiques chez une personne epileptique traitee par des antiepileptiques est possible en pratique en toute securite. L’analyse des interactions medicamenteuses et l’anticipation du risque d’effets indesirables cumulatifs entre antipsychotiques et antiepileptiques constituent des elements cruciaux de la prise en charge pratique. Les PI sont encore a l’heure actuelle sous-diagnostiquees et sous-traitees.