L’obligation de résidence : un dispositif juridique au service d’une forme de travail non libre

2014 
En vertu du Programme des aides familiaux residants (PAFR/Live-in Care Program), en vigueur depuis 1992, ces travailleuses du care ont notamment l’obligation de resider chez leurs employeur-e-s canadien-ne-s et doivent souscrire a cette obligation, avec tout ce qu’elle implique en termes de conditions de vie, de travail et de relations de travail, pour une periode minimale de deux ans pour devenir eligible a la residence permanente.Nous avancons ici que cette obligation de residence participe d’un « arsenal juridique » qui non seulement exprime, mais (re)organise une « forme transitionnelle d’exploitation » qui passe par une mainmise sur les corps et qu’il faut situer dans la continuite des rapports d’esclavage, de servage, mais aussi de « sexage » theorises par Colette Guillaumin (1978).Pour developper cette hypothese de travail, nous procederons en trois temps. Apres un retour sur l’historique du PAFR, nous rappellerons brievement son contenu actuel (I). Nous tenterons ensuite de montrer en quoi les travailleuses residantes sont privees du droit a la vie privee que nous interpretons ici comme le droit de disposer d’un espace-temps de vie hors travail (II). Dans un troisieme et dernier temps, nous reviendrons sur la demonstration de Colette Guillaumin pour insister sur le caractere illimite dans le temps de l’usage qui peut etre fait de la force de travail des employees de maison. Cet article s’appuie sur les tout premiers resultats d’une recherche conduite en partenariat avec PINAY (Organisation des femmes Philippines du Quebec) dans le cadre du service aux collectivites de l’UQAM. Il tire l’essentiel de ses lignes directrices des analyses des militantes organisees dans PINAY.
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