Adéquation des prescriptions d’IPP au long cours chez les patients hospitalisés en médecine

2020 
Introduction Les inhibiteurs de la pompe a protons (IPP) sont une classe pharmacologique ayant grandement ameliore la prise en charge des affections gastriques conduisant a une importante prescription de cette therapeutique. En France, pres de 20 % des utilisateurs d’IPP sont des utilisateurs chroniques et le cout global des IPP en France etait de 423 millions d’euros en 2016. L’hospitalisation est un moment important, au cours de laquelle une reevaluation des traitements prescrits a long terme peut etre effectuee. L’objectif principal de cette etude etait d’analyser chez les patients entrant en hospitalisation dans plusieurs services de medecine l’adequation des prescriptions d’IPP au long cours avec les recommandations. Nous avons egalement evalue le devenir de cette prescription a la sortie d’hospitalisation. Patients et methodes Nous avons mene une etude observationnelle longitudinale, sur une periode de 3 mois, au sein des services d’hepato-gastro-enterologie, de maladies infectieuses et tropicales, de medecine interne, de medecine vasculaire et therapeutique et de nephrologie. Tous les patients hospitalises ayant sur leur ordonnance habituelle ambulatoire un traitement par IPP depuis plus de 12 semaines ont ete inclus. Les criteres de non-inclusion etaient l’existence de tout evenement gastroenterologique de moins de 12 semaines. Pour tout patient inclus ont ete recueillis les donnees demographiques, le score de Charlson, les caracteristiques de l’hospitalisation, les antecedents medicamenteux, la ou les indications du traitement par IPP au long cours telles que rapportees par le patient et/ou deduite de l’analyse de ses antecedents, l’ordonnance des medicaments a la sortie d’hospitalisation et l’ordonnance medicamenteuse ambulatoire de renouvellement (entre 1 et 4 mois). Resultats Pendant la duree de l’etude, 1100 patients ont ete hospitalises dans les services concernes dont 334 patients etaient eligibles et 181 patients (54,2 %) ont pu etre inclus dans l’etude. Il s’agissait majoritairement d’homme (61,3 %) avec un âge moyen de 71,5 ans. Le score de Charlson moyen etait de 3,5 et les patients etaient hospitalises le plus souvent pour une insuffisance cardiaque (14,9 %) et/ou une cause infectieuse (14,4 %). En moyenne, il y avait 9,1 medicaments prescrits sur l’ordonnance habituelle et le pantoprazole etait l’IPP le plus souvent prescrit sur l’ordonnance habituelle (48,9 %). 181 patients ont ete inclus dans l’analyse correspondant a un total de 274 indications. 99 patients (54,7 %) avaient une prescription d’IPP au long cours conforme aux recommandations. L’indication la plus frequemment retrouvee etait la prescription d’un antiagregant plaquettaire ou d’un anticoagulant chez les sujets a haut risque. A la sortie d’hospitalisation 175 ordonnances ont pu etre analysees et 53 prescriptions d’IPP avaient ete modifiees dont 9 arrets. 93 patients (53,1 %) sur les 175 patients sortis d’hospitalisation avaient une prescription d’IPP en accord avec les recommandations. Discussion Dans notre etude, environ 1/3 des patients hospitalises ont une prescription d’IPP au long cours et pres de la moitie ont une prescription d’IPP au long cours non conforme aux recommandations de bonnes pratiques, ce qui est en adequation avec d’autres donnees. Afin d’etre les plus inclusives, nous nous sommes basees sur les recommandations nationales francaises et internationales. Afin de limiter un biais de memorisation, nous avons utilise plusieurs sources (ordonnance, dossier medical, entourage familial) afin de definir la ou les indications. La situation clinique des patients âges de 65 ans ou plus et traites par antiagregant plaquettaire a dose faible est l’indication la plus souvent retrouvee, contrairement a ce qui a ete montre en ambulatoire. En effet, les IPP sont souvent prescrits en association avec la prise d’antiagregant ou d’anticoagulant en prevention du risque d’hemorragie digestive, bien que cette efficacite soit discutee. Un autre aspect notable de notre etude est que le passage en hospitalisation ne modifie pas le taux d’adequation aux recommandations et moins d’un tiers des ordonnances d’IPP au long cours ont ete modifiees au cours de l’hospitalisation. Conclusion De nombreux patients hospitalises ont un traitement par IPP au long cours et environ la moitie de ces prescriptions ne respectent pas les recommandations de bonnes pratiques et peuvent etre considerees comme injustifiees. Des etudes sont necessaires pour evaluer le risque et l’efficacite de demarche de deprescription des « IPP injustifies » chez ces patients.
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