Proposition de vaccination contre la grippe saisonnière en officine de ville

2018 
Introduction La grippe est responsable de plusieurs milliers de morts chaque annee en France et pourtant la couverture vaccinale (CV) reste notoirement insuffisante, notamment au sein des principales populations-cibles. Pour expliquer l’absence de vaccination, on invoque le plus souvent un refus vaccinal global–a une epoque ou la mefiance envers la vaccination en general prend de l’importance–, le manque de temps ou les difficultes pour obtenir un rendez-vous chez son medecin traitant (MT). Dans ce contexte, on a imagine que les pharmaciens d’officine, qui sont en majorite demandeurs de nouvelles tâches, pourraient vacciner directement les patients au sein des officines au moment du retrait du vaccin, comme cela se pratique deja a l’etranger. Materiels et methodes Au cours de l’hiver 2015/2016, nous avons interroge 139 patients qui se presentaient en cabinet de ville (tous motifs de consultation confondus) et pour lesquels la vaccination antigrippale etait theoriquement recommandee. Sur les 139 patients de l’etude, 68 % (soit 95/139) etaient âges de plus de 65  ans et 67 % d’entre eux (93/139) avaient ete vaccines contre la grippe l’hiver precedent par leur MT. La question principale etait la suivante : accepteraient-ils de se faire vacciner en officine par leur pharmacien au lieu de revenir au cabinet du MT pour pratiquer l’injection du vaccin ? Resultats Seulement 49 % des patients interroges (soit 68/139) ont repondu « Oui » a la question et les personnes âgees de plus de 65  ans ont meme refuse cette proposition dans 61 % des cas (58/95). Pour 69 % des patients qui ont repondu « Oui » (47/69), c’est la disponibilite du pharmacien et la confiance qu’ils placent en lui qui les pousseraient a accepter. Parmi ceux qui n’avaient pas ete vaccines en 2014/2015 par manque de temps, 50 % (4/5) ont repondu « Oui » car ils y voyaient un gain de temps possible. Concernant les refus, dans 24 % des cas (17/71) il s’agissait d’un refus vaccinal global et pour 38 % des personnes interrogees (27/71) c’etait par crainte de trop bousculer leurs habitudes. Conclusion La proposition de vaccination par le pharmacien n’a donc pas ete recue favorablement par les patients de notre etude, il faudra sans doute du temps pour modifier les habitudes de la population mais cela sera possible a condition de savoir mieux communiquer, de rassurer et de convaincre. Un decret paru en mai 2017 a permis la mise en place immediate d’une phase d’experimentation de la vaccination antigrippale en officine dans deux regions-test en France. Des travaux ulterieurs evalueront l’accueil reserve a cette mesure et son impact en termes d’amelioration de la CV antigrippale.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []