Prise en charge des appels pour intoxication : nouveaux modes de suicide et collaboration Samu/Centre Antipoison

2017 
Objectif Plus de 10 000 personnes se suicident annuellement en France et environ 200 000 tentatives de suicide sont prises en charge par les services d’urgences, dont plus de 80 % concernent l’absorption de medicaments. Ces tentatives de suicide sont un motif d’appel tres frequent aux Services d’Aide Medicale Urgente (SAMU) et aux Centres antipoison (CAP), notamment lorsque l’entourage du patient a recu un appel ou un SMS d’adieu, que le patient ne repond plus a la sonnette ou aux appels telephoniques, ou qu’il est retrouve inconscient. Mais le developpement des reseaux sociaux modifie les modalites des conduites suicidaires et leur mode de decouverte. Notre exemple illustre l’implication grandissante des reseaux sociaux et la complexite que cela induit pour la regulation de ces intoxications volontaires et le necessaire collaboration avec les CAP. Description du cas Le responsable d’un forum Internet d’une association de soutien aux victimes d’une maladie chronique recoit vers 21 h le message suivant «  Bonsoir, ce soir j’ai decide d’en finir, je viens de prendre un verre de glycol, une plaquette d’irbesartan, 2 plaquettes d’alprazolam, 2 plaquettes d’atenolol, 2 plaquettes de fluoxetine, […] je sais que d’ici quelques heures je vous quitterai, je demande pardon a ma mere, je vous dis au revoir et merci de votre aide  ». Resultats Le responsable du forum previent le SAMU. L’adresse du patient est rapidement identifiee grâce a l’aide du webmaster du forum. Une ambulance de reanimation est envoyee avec du fomepizole a son bord dans l’hypothese d’une intoxication grave a l’ethylene-glycol, sans toutefois savoir si le patient est a son domicile. En parallele, le CAP est appele pour evaluer le risque et le pronostic en rapport avec les substances supposees absorbees, de maniere a anticiper des besoins specifiques de prise en charge. A la prise en charge, le patient est asymptomatique. Des convulsions apparaissent dans les minutes qui suivent, necessitant sedation et ventilation mecanique. L’identification de la composition du suppose antigel permet d’eliminer l’indication du fomepizole ® . Le patient est admis en reanimation dans l’hopital de proximite. Apres son admission survient un etat de choc traite avec succes par remplissage vasculaire, catecholamines, et glucagon. L’evolution est favorable et le patient est transfere en psychiatrie a J10. Conclusion Les idees suicidaires sont de plus en plus largement partagees sur Internet [1] , tout comme les suicides sur les reseaux sociaux, qui sont moins frequents et rarement decrits dans la litterature. Ces messages sont destines au grand public, lequel s’adresse aux SAMU [2] ou aux CAP. Ces derniers doivent, grâce a l’aide d’internautes, du gestionnaire du site ou de la police judiciaire, identifier l’adresse du patient via son formulaire d’inscription ou son adresse Internet Protocol (IP) [2] et mener une evaluation des toxiques et de leurs risques, des delais de prise en charge, pour adapter au mieux le choix du vecteur, du lieu d’accueil. Meme s’il existe un portail pour signaler les internautes a risque suicidaire [3] , leur localisation plus rapide par la Police Judiciaire serait souhaitable. Lorsque l’etiologie est toxique, la collaboration avec un CAP est decisive dans la strategie de prise en charge.
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