Les expositions d’anthropologie au musée du quai Branly de Paris et leur réception. Analyse basée sur l’étude des livres d’or de l’exposition “ La Fabrique des images ” (P. Descola)

2020 
Si la reflexivite est de mise dans tout travail de recherche impliquant la pratique ethnographique du terrain, cette activite de l’esprit ne serait pas le privilege des chercheurs en sciences humaines et sociales, elle serait a l’œuvre d’une maniere plus ordinaire des que nous sortons de « chez nous », que nous nous confrontons aux autres, au monde, a l’exterieur de notre intimite. De facon renouvelee, tout homme ne recherche-t-il et ne cree-t-il pas du sens, ne se demande-t-il pas ce qu’il peut ou doit penser de lui-meme et du monde dans lequel il vit ? Explorant l’idee que nous serions tous, d’une certaine maniere, des « ethnologues en herbe », je me suis interessee a la reception des grandes expositions temporaires d’anthropologie du musee du quai Branly a Paris. Quelle place, quel role les connaissances scientifiques et la culture instituee jouent-elles dans le faconnement du savoir sur soi et sur le monde dans cette mise en abyme ? En interrogeant les livres d’or d’expositions telles que « La Fabrique des images » concue en 2010-2011 par Philippe Descola, j’ai tente de comprendre les motivations et les modes d’appropriation de savoirs, de valeurs et de faits culturels par le public. Dans une ethnographie de la visite du « Plateau des collections » (collection permanente), Debary et Roustan (2012) montrent que l’esthetique des objets et de la scenographie (si critiquee) est la au service de l’intention pedagogique. En l’absence voulue d’un discours autoritaire sur les œuvres, la visite du Plateau mene le public « egare » a une pensee et un questionnement doubles d’un plaisir (heuristique) de ne pas savoir, de ne pas comprendre, qui n’implique pas la connaissance historique et culturelle des objets. L’experience singuliere vecue prime sur l’information explicite. Les expositions thematiques a caractere anthropologique ont pour vocation de presenter des contrepoints intellectuels et stylistiques a la museographie du Plateau. Que nous disent des lors les livres d’or de l’experience vecue, de la representation interculturelle, de la reception de ces expositions ? En quoi le public depasse-t-il le frisson momentane de l’exotisme, ce sentiment mele d’etrangete interessante et inquietante a la fois ? Est-il a la recherche d’une polysemie, d’une ouverture, d’une possibilite accrue de liberte et d’independance d’agir et de penser, et dans le meme temps, ne cherche-t-il pas dans l’heterotopie du musee les elements d’une cohesion qui lui permettent de renouveler son inscription dans un systeme de valeurs ethiques et esthetiques partagees ?
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