Cinétique atypique d’une plombémie infantile : recherche de source anecdotique

2016 
Introduction La surveillance du saturnisme infantile, indispensable du fait de l’impact majeur du plomb sur le systeme nerveux en developpement, est une des missions confiees aux centres antipoison et de toxicovigilance en collaboration avec les agences regionales de sante. La prise en charge des cas d’intoxication consiste en recherche et eviction de la source d’exposition, en eventuelle chelation selon la plombemie, en surveillance analytique et environnementale. Materiel et methodes Documentation clinique et paraclinique. Bibliographie. Cas clinique Le cas d’un saturnisme persistant chez une fillette de 5 ans, 19 kg, avant-derniere nee d’une fratrie de 7 enfants dont 6 mineurs, seule intoxiquee est rapporte. La plombemie initiale, realisee dans le cadre de la recherche etiologique d’une anemie, a ete dosee a 280 μg/L (classe III). Le controle a j18 est a 350 μg/L. L’enfant souffre d’un asthme et d’une severe anemie microcytaire ferriprive regenerative, elle est hospitalisee a j35 pour une chelation par DMSA alors que la plombemie est a 380 μg/L. Apres chelation, la plombemie diminue a 240 μg/L au 5 e mois mais ne suit pas la cinetique attendue. Un nouveau pic a 420 μg/L est observe au 45 e mois de suivi. Dans la fratrie, le dosage de la plombemie retrouve des taux de 17 a 40 μg/L. L’enquete environnementale usuelle etendue au parcours de l’enfant (aire de jeu, ecole,…) realisee a j100 ne retrouve pas de source notable de plomb. La quantite de plomb presente dans les poussieres varie entre 61 et 85 mg/kg. Devant cette cinetique inhabituelle, une seconde enquete a la recherche de sources atypiques est realisee, associee a un questionnaire environnemental et comportemental detaille. Des prelevements multiples sont realises : epices (rapportees du Maroc) et cosmetiques. Des taux de plomb inattendus sont retrouves : 42 mg/kg dans les epices et 106 g/kg dans un cosmetique (khol). Discussion S’il ne fait pas de doute que le khol puisse etre la source principale de plomb a domicile, l’exposition de l’enfant n’est pas claire. La famille nie tout usage chez l’enfant et declare le pot inaccessible. Il ne semble pas exister de trouble comportemental. La presence de plomb dans les epices pourrait expliquer une partie de l’exposition. La DJT du plomb est de 3,5 μg/kg/j, correspondant a une plombemie de 25 μg/L (OMS–2006), soit 68 μg/j pour l’enfant. Compte tenu de la cinetique observee, le flux moyen du plomb absorbe est de l’ordre de 240 μg/j. Cette quantite correspond a 2,2 mg de khol ou 5,7 g d’epice. La presence de plomb dans les epices de fabrication artisanale est une source non classique bien que deja rapportee (epices indiennes et mexicaines). La continuite de l’exposition malgre les multiples actions realisees aupres de la famille est difficilement explicable, d’autant qu’aucun des autres enfants de la fratrie n’est atteint… Conclusion Les sources classiques d’exposition au plomb sont bien connues et generalement identifiables par l’enquete environnementale. Parmi les sources anecdotiques, les epices artisanales contaminees par le plomb sont rarement evoquees.
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