Fatal « café coronary » chez un psychotique : quelles étiologies ?

2015 
Objectif Nous rapportons le cas d’un patient psychotique decede brutalement par suffocation. Depuis une trentaine d’annee M. X, 62 ans, est atteint de schizophrenie. De retour a domicile apres une courte hospitalisation, il suffoque au cours d’un dejeuner. Les secours constatent le deces. Methodes Une autopsie est effectuee 48 h apres le deces. Les prelevements sont analyses : ethanol dose par CPG-DIF (sang et urine), recherche de medicaments par HPLC-BD et CPG-SM dans le sang peripherique et l’urine, medicaments identifies doses par HPLC-BD (sang peripherique). Resultats A l’autopsie, un volumineux quartier d’orange est retrouve a l’entree du larynx moulant le pharynx et l’entree du larynx. La cause du deces est une asphyxie par suffocation. Les analyses toxicologiques montrent l’absence d’ethanol et la presence de 5 medicaments psychotropes et un metabolite actif. Les concentrations sont indiquees dans le Tableau 1 . La tropatepine a ete identifiee. Les concentrations sont referencees comme therapeutiques sauf pour l’amisulpride (concentration supra-therapeutique). Discussion Le syndrome d’asphyxie alimentaire, conduisant ou non au deces, est connu sous le nom de « cafe coronary ». Les deces surviennent de facon soudaine et inattendue au cours d’un repas, dus a l’obstruction accidentelle des voies aeriennes par la nourriture. Des facteurs de risque ont ete identifies : âge (> 50 ans), pathologie psychiatrique ou neurologique, mauvaise dentition, xerostomie, traitement medicamenteux par psychotropes. Les neuroleptiques, meme a posologie therapeutique, peuvent entrainer des dysphagies par plusieurs mecanismes : bradykinesie du syndrome extrapyramidal (SEP), dyskinesie tardive (bucco-pharyngo-œsophagienne), dystonie aigue du larynx ou de l’œsophage. Les medicaments anticholinergiques prescrits dans certains cas de SEP ne sont pas toujours efficaces sur les dysphagies. Pour certains auteurs, ces accidents etant tres rares, le benefice du traitement medicamenteux chez les patients psychotiques est bien superieur au risque encouru. Quelques cas de deces sont survenus chez des patients psychotiques sans traitement neuroleptique. Dans notre cas, aucune dysphagie anterieure n’est notifiee. Les medicaments mis en evidence a l’analyse correspondent bien a la prescription de sortie, les 3 neuroleptiques etant prescrits depuis plusieurs annees. Ce patient presente plusieurs facteurs de risque de « cafe coronary » : âge, pathologie psychiatrique et traitement psychotrope. Sa pathologie, de par ses comportements a risque (« binge eating »), peut a elle seule avoir entraine ce syndrome. Cependant, on ne peut ecarter le role eventuel des neuroleptiques dans la suffocation. Conclusion En cas de fausses routes ou de suffocation chez un patient psychotique, une demarche diagnostique complete doit etre realisee a la recherche de facteurs de risque et d’etiologies organiques et/ou iatrogenes.
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