Intérêt de l’analyse toxicologique dans la prise en charge des transporteurs intracorporels de drogues : à propos de deux cas

2018 
Resume La cause de complications et de deces la plus frequente chez les transporteurs de drogues intracorporels est la toxicite par rupture des boulettes ou paquets ingeres. La prise en charge du patient peut etre adaptee en fonction de l’etat clinique, des resultats de la radiologie et du bilan toxicologique. Nous rapportons deux cas dans une meme affaire, illustrant l’interet de l’analyse toxicologique. Une etude retrospective entre janvier 2010 et juin 2018 decrit quelques donnees actuelles sur des transporteurs intracorporels necessitant une hospitalisation dans un service de reanimation. Deux jeunes hommes ayant ingere a priori des petits ballots d’aspect identique pour dissimulation pendant leur interpellation par la police, ont necessite des hospitalisations separees. Monsieur LR (20 ans) est pris en charge pour arret cardio-respiratoire par un service de reanimation. Sur les 50 petits ballots estimes ingeres, 30 sont recraches immediatement. Il elimine les autres par voies orale et rectale pendant l’hospitalisation. Des prelevements urinaires et sanguins ainsi que trois ballots sont analyses par le laboratoire. Il decede a J14 des suites d’une encephalopathie post-anoxique. Monsieur NC (13 ans) sans antecedents medicaux est hospitalise dans un service medico-chirurgical pediatrique suite a l’ingestion de 20 ballots similaires. Il est asymptomatique a l’entree et 11 sachets sont visualises et retires par endoscopie gastrique en urgence. Seuls des echantillons urinaires et deux ballots sont analyses. Il est hospitalise pendant 5 jours avant d’etre remis aux autorites de police. Le bilan d’entree toxicologique de Monsieur LR ( screenings urinaire immunologique et plasmatique par LC-MS/DAD) est negatif. Pour Monsieur NC, seule la cocaine urinaire est depistee par bandelette (SureStep™ Multi-Drug) jusqu’a J3. L’analyse des ballots expulses permet de confirmer la presence de cocaine dans les deux cas en presence d’un ou plusieurs produits de coupe : phenacetine dans le cas de Monsieur LR et phenacetine, cafeine et levamisole dans le cas de Monsieur NC. Le suivi de l’elimination de la cocaine pour Monsieur LR n’a mis en evidence a aucun moment la presence de son metabolite, la benzoylecgonine (BZE) dans les prelevements biologiques. Ces resultats contribuent a orienter rapidement les cliniciens vers une cause d’arret cardiaque non toxique. Pour Monsieur NC, l’absence de consequences cliniques et la negativation de la presence de BZE dans les urines au bout de 72 h ont permis une sortie du patient apres 5 jours d’hospitalisation. L’analyse toxicologique montrait egalement que dans une meme affaire, des boulettes visuellement identiques n’etaient pas constituees par les memes produits de coupe et etaient donc vraisemblablement d’origine differente. L’etude retrospective decrit 44 patients hospitalises en reanimation dans le cadre d’une prise en charge en tant que transporteurs intracorporels. Environ 20 % etaient des consommateurs habituels (cannabis et/ou cocaine). En somme, 63,6 % avaient ete interpelles dans les aeroports parisiens et l’hospitalisation avait alors dure 3 jours (valeur mediane) avec un suivi toxicologique toutes les 12 h. Environ 46 boulettes (valeur mediane avec un maximum de 129 boulettes) contenant de la cocaine dans 77,3 % des cas, ont ete recuperees chez les porteurs hospitalises. Dans 75 % des cas, la recuperation a ete faite par voie basse. Le bilan toxicologique d’entree montrait que 43,2 % des patients etaient positifs en cocaine et 20,4 % en cannabis.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    19
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []