Apprendre le breton en contexte scolaire au XXIème siècle : quels désirs pour quelles appropriations socio-langagières ?

2019 
De nos jours en Bretagne, plus de 17 500 eleves apprennent chaque annee le et en breton au travers de trois filieres bilingues (publique et privees), de la maternelle au lycee, alors meme que pour la majorite d’entre eux leurs parents ne parlent pas ou peu cette langue, et que sa pratique sociale n’est plus une necessite pour les echanges du quotidien hors de l’ecole dans le contexte sociolinguistique actuel de la region. Les questions de choix de langues et d’influences des representations sur l’apprentissage et les pratiques linguistiques sont desormais centrales en sociolinguistique et didactique des langues. Des liens indeniables ont ete etablis entre les attitudes, les representations des langues et leurs pratiques, ou la volonte de pratique de ces langues, par les individus, notamment en contexte scolaire (Castellotti & Moore, 2002). Dans le cas des jeunes enfants inscrits en filiere bilingue breton-francais, l’apprentissage de la langue bretonne ne resulte pas d’un choix personnel motive et direct. Les parents sont les acteurs principaux de ce choix linguistique et educatifs. Ils mettent en place, consciemment ou non, des politiques linguistiques familiales (Calvet, 1987) pour leurs enfants et pour eux-memes. Dans la recherche ethno-sociolinguistique qualitative que j’ai menee sur le terrain breton de 2009 a 2015 (Adam, 2015), l’une des particularites est qu’il s’agit de politiques linguistiques concernant les langues de scolarisation de leurs enfants et non pas du choix des langues a pratiquer en famille. Les differentes analyses de contenu des entretiens semi-directifs menes avec les « parents » et les « enfants », ainsi que les analyses comparatives intra-discours, ont demontre differents types d’influences parentales et de developpement de la conscience sociolinguistique chez ces enfants, venant impacter differemment leur desir de pratiquer cette langue a l’ecole et en dehors, et par la suite. Par ailleurs, ces enfants ont egalement un rapport particulier au breton en tant qu’objet d’apprentissage qui merite un eclairage particulier lorsque l’on souhaite prendre en compte des aspects subjectifs de l’enseignement/apprentissage des langues, cette notion de rapport a la langue etant a rapprocher de la notion de « rapport au savoir » (Charlot, 1997). A la lumiere de ces resultats, cette communication propose donc de s’interroger sur les apports possibles, de la prise en compte des representations parentales du breton et de l’enseignement bilingue sur le desir d’apprendre cette langue chez le jeune enfant et de la pratiquer par la suite, dans le cadre d’approches socio-didactiques. Par consequent, apres une breve contextualisation du contexte sociolinguistique historique et actuelle de la Bretagne, je vous propose dans cette communication de decrire les grandes representations parentales a l’origine de cette prise de decision atypique, perceptibles au travers de leurs discours, en re-interrogeant la notion d’« utilite » des langues. Puis, je m’attarderai sur les types d’influences reveles par les analyses et leurs impacts sur l’appropriation ou non-appropriation socio-langagiere du breton par ces enfants et leur rapport aux langues. Enfin, dans une demarche plus socio-didactique (Blanchet & Rispail, 2011), j’evoquerai quelques pistes qui decoulent de ces resultats, susceptibles de venir alimenter les reflexions quant aux approches didactiques actuelles du bi-/plurilinguisme.
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