Le nautile : évolution du bec d’un fossile vivant

Les Nautiles sont connus dans le registre fossile a partir du Paleozoique (Devonien). Ce groupe qui a connu des periodes de grande diversite n’est actuellement represente que par sept especes. A cause de cette faible diversite, et de la similarite de leurs coquilles avec celles des especes fossiles, les nautiles sont souvent consideres comme des « fossiles vivants », suggerant que leur morphologie et leur ecologie sont reste presque inchanges au cours du temps. Cette idee erronee est due a la morphologie relativement simple de la coquille, ne portant pas assez d’informations pour etudier toute la diversite des nautiles fossiles. Cela entrave la reconstruction de leurs relations phylogenetiques et toute interpretation de leur ecologie passee. Les nautiles actuels sont des predateurs et des charognards, qui detectent leurs proies grâce a un systeme chimiosensoriel tres sensible situe dans les tentacules. Ils les ingerent ensuite a l’aide de leur bec, capable de saisir de d’ecraser des aliments solides, comme des crustaces. Ce bec est compose majoritairement de chitine et se divise en deux mâchoires, superieure et inferieure, sur lesquelles s’inserent les muscles masticateurs de la masse buccale, qui controle leurs mouvements. Au sein des cephalopodes actuels, les nautiles ont egalement la particularite de posseder un renforcement calcaire a l’extremite anterieur de chaque mâchoire, le rhyncholite et le conchorhynche. Ces structures sont plus rigides que le reste du bec, et que la coquille en aragonite, et donc se fossilise bien mieux. Les rhyncholites sont particulierement abondants dans le registre fossile a partir de la fin du Trias jusqu’a nos jours, et presentent une grande disparite, tres utilisee en biostratigraphie. Cependant, le grand potentiel des rhyncholites pour la comprehension de la biologie et de l’ecologie des nautiles fossiles a ete jusqu’a present neglige. En effet, seul quelques etudes ont tente de relier la forme des rhyncholites a leur fonction masticatrice, et a un regime alimentaire, et seulement de maniere qualitative ou a l’aide de mesures biometriques simples. Ainsi, la maniere dont des differences de formes chez le rhyncholites peut entrainer des differences de fonction de l’appareil masticateur reste mal connue. Ce projet vise pour la premiere fois a quantifier la morphologie des rhyncholites par une approche de morphometrie geometrique, et a rechercher les liens potentiels avec leur fonction au cours des temps geologiques. Nous presentons ici les resultats preliminaires de cette etude.