L’ontologie du droit : droit souple c. droit dur

2019 
Sous un angle critique, il faut se feliciter de ce que l'apparition de concepts nouveaux amene a reinterroger des concepts anciens en mettant en evidence ce qui, dans ces derniers, pose-toujours ?-question. Tel est le cas du droit souple, droit mou, droit spontane, droit flou, droit gazeux… qui, en qualifiant de maniere nouvelle le droit, a savoir le droit classique, « dur », « pose », interroge les elements de definition du droit. Il ne faut pas s'y tromper : toutes ces expressions absorbent le terme droit, tout en transformant ou, du moins, en alterant la nature de celui-ci. Ce n'est alors que de maniere negative, a travers ce que les nouvelles formes du droit modifient celui-ci dans sa vision classique, que se dessine le visage du droit. Plus precisement, chacune des differentes conceptions retenues de ce que nous qualifierons, ici, de maniere generique de « droit mou », interroge les criteres de definition du droit en general et incite a discuter de la pertinence, de la place et/ou de la mesure de ces differents criteres. L'ambition de cette contribution consistera precisement a discuter de ces derniers et a mieux apprecier ce qu'est le droit a partir des pretendues nouvelles formes qu'il emprunte et ainsi, de maniere consecutive, a mieux situer la singularite de ces pretendues nouvelles formes de droit. Ces reflexions sur les nouvelles formes du droit temoignent egalement d'une volonte de connaissance de phenomenes normatifs contemporains qui semblent a priori echapper aux cadres traditionnels d'analyse du juriste : recommandations, lignes de conduite, declaration d'intention, charte de conduite des entreprises… Autrement dit penser le « droit mou », c'est penser le droit et les nouvelles formes qu'il est susceptible de revetir dans un monde post-moderne complexe et globalise 1. Derriere ce souci de connaissance, il faut sans doute egalement percevoir une certaine inquietude de ce que le juriste aurait quelques difficultes a saisir les phenomenes sociaux contemporains ou, pour le moins, a faire entendre sa voix, face aux autres sciences sociales, dans l'analyse de ces phenomenes. De la, une volonte d'ancrer la reflexion du juriste dans le reel, ce qui n'est pas sans poser, dans le domaine juridique, de redoutables problemes de determination de l'objet d'etude du juriste. Cette tendance vise a orienter le regard du juriste la ou se situe le « vrai » droit, les 1 Nous nous permettrons d'eviter d'user ici du terme de « reflexif » qui semblerait participer d'un anthropomorphisme excessif et, pour etre clair, impropre « le monde ne saurait etre reflexif ». A. Di Robilant envisage la « soft law as the Product
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