Une maladie TIPIC : à propos de 3 cas

2021 
Introduction Le syndrome d’inflammation perivasculaire transitoire de l’artere carotide (TIPIC) est une entite de description recente caracterisee par une douleur cervicale aigue sur le trajet de l’artere carotide cedant spontanement ou sous anti-inflammatoires en quelques jours. Cette pathologie etait qualifiee jusqu’a present de rare : la plus grande serie publiee fait etat de 47 patients diagnostiques en sept ans au sein de dix centres specialises en neurologie [1] . Nous rapportons ici trois nouveaux cas de TIPIC syndrome diagnostiques en l’espace de 12 mois dans un service de medecine interne. Observation Cas n°1 : Un homme de 79 ans sujet aux migraines ophtalmiques presente fin novembre un tableau neurologique aigu a type de paresthesies du membre inferieur droit, suivies de scintillements visuels. L’IRM cerebrale ne trouve pas de lesion ischemique constituee, et un traitement par aspirine est debute dans l’hypothese d’un accident ischemique transitoire. L’electromyogramme, realise devant la persistance de paresthesies des deux pieds, est normal. Une semaine plus tard, il se plaint d’une douleur cervicale gauche. La CRP est normale mais la VS elevee a 92 mm/h. L’angio-IRM montre un infiltrat peri-carotidien gauche. Les douleurs cedent spontanement en quelques jours et le doppler arteriel de controle a une semaine est sans anomalie. Cas n°2 : Un homme de 42 ans, sans antecedent, presente mi-aout une douleur latero-cervicale droite. L’echographie doppler identifie un epaississement excentrique de la paroi du bulbe carotidien droit; l’angioscanner montre un epaississement parietal carotidien primitif droit evalue a 3,2 mm ; le PET scanner, realise apres resolution des symptomes, met en evidence quelques fixations ganglionnaires cervicales gauches, sans hyperfixation de la carotide. Les douleurs cedent spontanement en deux semaines. L’angioscanner de controle retrouve toujours un epaississement circonferentiel de 3 mm de la carotide pre-bulbaire droite un mois apres la resolution des symptomes. Le patient presente une rechute 4 mois apres les premieres manifestations. Cas n°3 : Un homme de 50 ans aux antecedents de cephalees de tension se plaint debut novembre de cervicalgies gauches. Il decrit une agueusie et une anosmie brutales en octobre, evoquant une infection recente a la Covid-19. L’echographie cervicale et l’angio-IRM identifient un epaississement inflammatoire quasi circonferentiel du bulbe carotidien gauche ; l’angioscanner–realise tardivement - uniquement une plaque d’atherome non calcifiee responsable d’une stenose a 50 % de l’origine du bulbe carotidien gauche. Un traitement par aspirine est debute et les douleurs evoluent favorablement. Le PET scanner a un mois de la resolution des symptomes ne trouve pas d’hyperfixation arterielle, y compris carotidienne gauche. Discussion Notre premier patient presente une symptomatologie neurologique. Ces symptomes neurologiques sont varies et presents dans 17 % des cas : vertiges, paralysie faciale peripherique, dysesthesie et deficit moteur ont ete decrits. Ils doivent faire eliminer un accident vasculaire cerebral. L’elevation des marqueurs de l’inflammation (CRP ou VS) n’est pas habituelle, presente chez 6 % des patients seulement [1] . Le second cas chez un patient jeune sans antecedent est tout a fait typique, avec une rechute a 4 mois du diagnostic. Les rechutes sont observees chez 20 % des patients, dans un delai de 1 a 6 mois. Le principal facteur de risque identifie est une maladie auto-immune associee ; la rechute survient alors a la faveur d’une poussee de la maladie. Des anomalies persistantes a l’imagerie sont possibles, comme chez ce patient, et doivent faire eliminer une maladie de Takayasu. Elles laissent craindre le developpement secondaire d’une atherosclerose, justifiant un suivi prolonge [1] , [2] . Un antecedent d’infection virale a ete identifie chez 4 % des patients seulement, mais la question de l’imputabilite de l’infection a coronavirus dans la physiopathologie de la maladie se pose dans notre troisieme cas. Comme chez ce patient, une stenose moderee associee ou non a une plaque d’atherome non calcifiee est retrouvee dans 38 % des cas, sans modification hemodynamique [1] . Ces trois cas diagnostiques en l’espace de douze mois a la consultation d’un service de medecine interne sont en faveur d’une frequence relativement elevee du TIPIC syndrome, probablement sous-estimee du fait de symptomes cliniques moderes et transitoires et d’une meconnaissance des cliniciens. Conclusion Le TIPIC syndrome n’est sans doute pas aussi rare que ce que des etudes limitees ont laisse penser. L’interniste peut dont etre amene a prendre en charge cette pathologie. Il doit connaitre le TIPIC syndrome, savoir le distinguer d’une vascularite, et ainsi limiter les explorations complementaires dans cette pathologie benigne.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    2
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []