Traverser le miroir colonial en Nouvelle-Calédonie

2016 
Cette presentation examine les enjeux methodologiques et epistemologiques que suppose une demarche d’enquete centree sur la frontiere coloniale en Nouvelle-Caledonie. Dans cette ancienne colonie de peuplement du Pacifique, une ligne de demarcation tres nette a longtemps separe l’anthropologie (du monde kanak) de l’histoire (des colons europeens). Ce partage renvoyait tant aux decoupages traditionnels entre disciplines (qu’il s’agisse des objets, des methodes ou des sources), qu’aux caracteristiques specifiques de la colonisation de l’archipel - en particulier la segregation raciale nee du confinement des Kanak dans les « reserves indigenes ». Cette dichotomie sociale, politique et intellectuelle donnait a voir deux mondes clos, separes et etanches, jusqu’a ce que la mobilisation politique des Kanak independantistes ne bouscule ce schema etabli, et n’amene les sciences sociales a reviser leurs paradigmes. Desormais, les entreprises reflexives et historicisees de croisement de l’archive et du terrain ethnographique permettent de questionner ce qui se joue precisement dans les interactions sociales entre colons et colonises : la frontiere coloniale n’y apparait plus comme un fosse irreductible mais plutot comme une « zone grise », un miroir colonial ambigu et incertain, fait de rencontres, de circulations, d’echanges et de malentendus.
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