Épidémiologie « moderne » des surdosages digitaliques. Étude « DigoLabo »

2016 
Introduction L’intoxication digitalique est peu frequente, mais potentiellement grave. Il s’agit aujourd’hui, le plus souvent, de surdosages dont le profil epidemiologique demeure incertain. Dans les intoxications aigues la kaliemie est un reflet direct de la toxicite des digitaliques. Mais concernant les surdosages est-ce toujours aussi vrai ? Objectifs de l’etude Decrire l’epidemiologie des surdosages digitaliques et preciser leurs determinants. Etudier la correlation entre kaliemie, digoxinemie et creatininemie en cas de surdosage. Methodes Etude descriptive, retrospective, multicentrique, Europeenne. Recueil des donnees a partir de tous les dosages de digoxinemie realises au cours de l’annee 2014 dans les laboratoires des centres participants. Un surdosage se definissant par une digoxinemie superieure a 1,2 ng/mL. Parametres recueillis : donnees sur les centres, nombre de dosages et de surdosages. Concernant les patients/dosages : âge, sexe, service d’origine, digoxinemie, kaliemie et creatininemie. Analyse statistique : Les variables qualitatives ont ete comparees par un test de Chi 2 et les variables quantitatives par un test de Mann et Whitney. L’etude des correlations a ete associee a la determination des coefficients R 2 . Les variables qualitatives sont presentees en N ( %) et les variables quantitatives en mediane (25 e –75 e percentiles). Resultats Dix-neuf hopitaux ont participe et 8,436 dosages ont ete analyses dont 2,535 (30 %) surdosages. Trois cent cinquante-cinq (20 %) surdosages venaient des SAU. Population : 3,440 (41 %) hommes et 4,997 (59 %) femmes, d’âge median 84 (75-89) ans. Kaliemie et creatininemie etaient plus elevees chez les patients avec surdosage, respectivement : 4,2 (3,8–4,6) vs 4,0 (3,7–4,4) mmol/L ; p −5 et 106 (77–148) vs 84 (66–114) μmol/L ; p −5 . La correlation entre nombre de dosages et pourcentage de surdosages etait inexistante ( R 2  = 0,08) alors que la correlation entre nombre de dosages et nombre de surdosages etait forte ( R 2  = 0,84) ( Fig. 1 ). La kaliemie etait tres mediocrement correlee a la digoxinemie ( R 2  = 0,02 ; p −5 ) et a la creatininemie ( R 2  = 0,07 ; p −5 ) ( Fig. 2 ). Les correlations n’etaient pas augmentees en ne considerant que les patients avec un surdosage digitalique, une insuffisance renale ou une hyperkaliemie. Conclusion Augmenter le nombre de dosage semble augmenter le nombre de surdosages digitaliques mais sans en reduire le taux. La kaliemie n’etait pas cliniquement discriminante. Elle n’etait pas non plus un bon reflet des surdosages digitaliques. Elle n’etait expliquee ni par la digoxinemie ni par la creatininemie. Le role de la kaliemie dans le diagnostic, le pronostic et la decision therapeutique doit donc etre questionne. La fonction renale doit etre aussi consideree.
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