Lutte antivectorielle dans l’épidémie des plateaux de Madagascar

1995 
Les plateaux ou plus exactement les hautes terres couvrent presque toute la partie centrale de Madagascar a une altitude superieure a 1 000 metres. Le climat y est tropical avec alternance d’une saison humide et chaude (octobre/avril), periode de recrudescence du paludisme, et d’une saison seche (mai/septembre), avec une temperature peu favorable au developpement des vecteurs et au cycle extrinseque du parasite. Le paludisme est instable. La transmission saisonniere courte est quelquefois amplifiee par des pluies anormalement abondantes ou par l’elevation de la temperature moyenne. La population ne developpe que peu ou pas de premunition. Les epidemies sont meurtrieres. La transmission est essentiellement assuree par Anopheles arabiensis, espece zoophile, exophage et anthropophile d’occasion et An. funestus anthropophile et endophile. A partir de 1949, le Programme de lutte etait fonde sur la chimioprophylaxie et les pulverisations domiciliaires d’insecticides a effet remanent qui ont donne des resultats spectaculaires en eliminant la maladie d’une maniere durable, d’ou la mise en place de la zone de surveillance des hauts plateaux (ZSHP). Les efforts de lutte s’amenuisant, la transmission a repris progressivement a partir de 1975 avec des bouffees epidemiques. La plus meurtriere se situe entre 1984 et 1987 et fut marquee par une augmentation des morbidite et mortalite specifiques. Les facteurs favorisant cette recrudescence du paludisme ont ete repertories : - le relâchement du systeme de surveillance ; - le contexte socio-economique entrainant la faiblesse du systeme sanitaire national et l’inaccessibilite aux medicaments antimalariques pour la masse paysanne ; - la reapparition d’Anopheles funestus, excellent vecteur qui avait ete elimine par les traitements de 1949 a 1960 ; - l’absence quasi totale de la premunition de la population a la suite de l’eradication ; - les aleas climatiques : passage d’une serie de cyclones ; - les mouvements des travailleurs migrants non premunis, originaires des hautes terres, vers les cotes ou les versants (zones a paludisme stable) pour des travaux agricoles. A partir de 1988, les autorites sanitaires malgaches, avec l’aide internationale et bilaterale, ont mis en place une approche strategique basee sur la chimiotherapie precoce et la pulverisation intradomiciliaire de DDT pm 75 a la dose de 2 g/m2. Ces operations ont pu couvrir des zones focalisees avec successivement 720 000 (1988-1989), 380 000 (1989-1990) et 480 000 (1990-1991) puis 2 400 000 (1993-1994) habitants proteges. L’evaluation de l’efficacite de ces methodes de lutte a montre des resultats tres spectaculaires et concluants sur le plan epidemiologique (prevalence parasitaire, morbidite, mortalite) ainsi que des impacts importants sur les vecteurs (contact vecteurs/hommes, faune residuelle, raccourcissement de la longevite).
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