Dépigmentation cutanée artificielle : motivations, pratiques et risques dans une ville du Burkina Faso

Introduction La depigmentation cutanee artificielle (DCA) est une pratique connue chez les sujets de phototype fonce. Le but de cette etude etait de determiner les motivations, les pratiques et les risques de la depigmentation cutanee artificielle chez les femmes de la commune urbaine de Ouahigouya (Burkina Faso). Materiel et methodes Nous avons realise une etude transversale descriptive du 1er mars 2016 au 22 fevrier 2017 sur un echantillon representatif de 400 femmes âgees de 15 a 49 ans, choisies selon un echantillonnage a 3 degres combinant tirage systematique et aleatoire. Resultats La frequence de la DCA etait de 72,50 %. La DCA predominait dans les tranches d’âge de 20 a 29 ans, avec une frequence de 79 %. La relation entre l’usage des produits depigmentants et la classe d’âge etait statistiquement significative (p = 0,01). La relation entre l’usage des produits depigmentants et le type de scolarisation etait statistiquement significative (p = 0,0003). Le souci esthetique etait le premier motif des femmes a se depigmenter, avec 41,49 % des cas. L’hydroquinone etait la molecule la plus utilisee (54,59 %) suivie des dermocorticoides (10,42 %). Toutes les usageres de DCA utilisaient la voie d’administration cutanee ; parmi elles 11 utilisaient en plus la voie injectable intramusculaire. Le cout moyen mensuel des produits depigmentants etait de 2304 FCFA (3,51 euros), avec des extremes de 600 (0,91 euros) et 20 000 FCFA (30 euros). Parmi les usageres de produits depigmentant, 69,31 % presentaient au moins une complication cutanee dont l’ochronose exogene etait la plus frequente (54,68 % des cas). Parmi les femmes enquetees, 59,50 % affirmaient ignorer l’existence de complications cutanees liees a la pratique et 62,76 % des usageres de produits depigmentants l’ignoraient. Discussion La DCA demeure un probleme de sante publique a cause des motifs qui la sous-tendent. Les etudes precedentes sur ce sujet avaient ete realisees dans les deux plus grandes villes du Burkina Faso. Cette etude dans une autre ville nous montre que le phenomene de la depigmentation reside partout. Conclusion Le nombre de femmes pratiquant la DCA augmente avec le temps quel que soit le milieu dans notre contexte, comparativement aux etudes anterieures. Il se pose la problematique de la sensibilisation de la population aux dangers de la DCA.