Avec André Gide. Itinéraires poétiques, parcours critiques

2019 
« On croit le saisir... C’est Protee1. »Tout au long de sa vie, Gide n’a cesse de se definir comme un « etre de dialogue2 » et de contradiction, un Protee justement. N’a-t-il pas inscrit en epigraphe a ses Morceaux choisis : « Les extremes me touchent » ? Face a l’auteur des Deracines, dont les theses reposent sur l’idee qu’il existe un lien determinant entre l’individu et la terre qui l’a forme, l’ecrivain considere sa personnalite comme le produit d’une conjonction geographique et culturelle d’exception. Dans son esprit sont intimement unis le Nord et le Sud — Uzes et la « garrigue enflammee » d’une part, La Roque-Baignard et « les bois normands3 » de l’autre.L’affirmation du nationalisme francais, dans la foulee de l’affaire Dreyfus, influence profondement la maniere dont Gide precise les contours de sa figure. « Rien de plus different que ces deux provinces de France4 », ecrit-il dans Si le grain ne meurt. Tout comme Victor Hugo qu’il ne manque pas de citer — celui-ci etant « d’un sang breton et lorrain a la fois5 » — ses attaches diverses sont la pierre de touche de sa vocation d’ecrivain. Et elles expliquent en meme temps son impossibilite a demeurer :Je ne sais encore, a trente-six ans, si je suis avare ou prodigue, sobre ou glouton… ou plutot, me sentant porte soudain de l’un a l’autre extreme, dans ce balancement meme je sens que ma fatalite s’accomplit. Pourquoi formerais-je, en m’imitant facticement moi-meme, la factice unite de ma vie ? C’est dans le mouvement que
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