Durabilité forte et aménagement du territoire : Analyse empirique de la compensation écologique centrée sur la nature ordinaire et intégrant les agriculteurs

2018 
La communaute scientifique s’accorde sur la responsabilite de l’homme dans les menaces actuelles pesant sur la biodiversite. La forte erosion de la biodiversite mondiale pointe les limites biophysiques de renouvellement du capital naturel (especes, paysages, services ecosystemiques…). Postulant que la durabilite d’un systeme economique passe par le maintien du stock de capital naturel, Costanza et Daly ont introduit les concepts de « durabilite faible » et de « durabilite forte » pour caracteriser les biens selon leur niveau de substituabilite (dans le cadre de la durabilite forte, le capital naturel devient non substituable). A leur suite, afin d’adapter le concept de durabilite forte aux problematiques de developpement et d’amenagement, Toman suggere en 1994 de distinguer les capitaux naturels critiques presentant des enjeux de preservation forts des capitaux naturels de moindre importance. Il propose d’appliquer une logique de durabilite forte aux premiers pour ne pas les laisser decroitre en dessous de seuils donnes dits normes minimales de sauvegarde et, d’utiliser les seconds comme supports du developpement, appliquant alors une logique de durabilite faible.Partant les cadres conceptuels de Costanza, Daly et Toman, ma these evalue la faisabilite et les arbitrages inherents a la mise en œuvre de la durabilite forte dans une action publique de preservation de la biodiversite, en l’occurrence, la compensation ecologique qui conditionne les operations d’amenagement a compenser les pertes ecologiques qu’ils engendrent. Mon objectif fut de me centrer sur une action publique ayant des assises spatiales afin de mettre en evidence les determinants individuels permettant sa mise en œuvre et d’evaluer les seuils, notamment spatiaux, necessitant des arbitrages entre enjeux de developpement economique et conservation de la biodiversite.Dans un premier chapitre, je propose et applique empiriquement sur trois regions francaises, une methode pluridisciplinaire (reprenant des elements d’ecologie) de categorisation des milieux naturels en fonction de leur niveau de durabilite. La spatialisation empirique de mes categories fait ressortir la place predominante de l’agriculture et une forte variabilite des niveaux de durabilite selon la nature biophysique et anthropique des espaces. Dans le second chapitre, j’evalue, a partir des cadres de l’economie comportementale, l’acceptabilite de la compensation ecologique par les agriculteurs. Je mets en evidence de fortes disparites dependantes des types de production et de l’histoire personnelle des agriculteurs. Dans mon dernier chapitre, j’evalue empiriquement les contraintes spatiales inherentes a l’atteinte d’une durabilite forte a partir d’un modele theorique d’allocation de l’effort de compensation a l’echelle regionale. Un premier resultat de ma these est donc une definition operatoire de la nature ordinaire, adaptee a la mise en œuvre d’une action publique sur l’environnement (en l’occurrence le dispositif de compensation ecologique). Je montre que, si l’on cantonne les amenagements a la nature ordinaire, l’objectif de durabilite forte devient atteignable, a condition que l’agriculture soit le pivot du dispositif. Mon second resultat met en lumiere les comportements des agriculteurs eu egard aux politiques visant la preservation d’une biodiversite. Il montre, a rebours des resultats standard en economie comportementale, que les agriculteurs reagissent plus favorablement a une biodiversite moins specifique et que les niveaux d’acceptabilite de la mesure sont heterogenes selon leur type de production (bio vs conventionnel) et leur histoire personnelle (heritier agricole versus neo-agriculteur).
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