Outils et méthodes de gestion des risques liés à l’utilisation des pesticides sur un territoire : les résultats du projet TRam

2015 
Dans le cadre d’une demarche participative, le projet TRam a produit un cadre methodologique, des instruments et des indicateurs permettant de tester les impacts agro-environnementaux et technico-economiques d’une gestion raisonnee de l’utilisation des pesticides au niveau de deux territoires classes zone Ramsar : le bassin de l’Etang de l’Or dans l’Herault et la Merja Zerga au Maroc. Dans le cadre d’une demarche de gestion des risques induits par l’utilisation des pesticides, nous sommes confrontes a la necessite de gerer une diversite d’impacts, inegalement repartis dans l’espace, avec une diversite d’acteurs de types « Pollueurs diffus » et d’acteurs impactes, auquel s’ajoute une variabilite temporelle des effets. Dans l’objectif de gestion d’une pollution diffuse nous nous trouvons face a la necessite de gerer un systeme comportant au minimum cinq dimensions. (Ecosystemes, Acteurs, Espace, Impacts, Temps). Pour le « gestionnaire », l’objectif serait de concevoir un systeme d’information sur ces cinq dimensions et de caracteriser des relations quantifiables entre ces dimensions pour pouvoir evaluer l’efficacite et l’efficience de mesures correctives, tout ceci de maniere dynamique. Les politiques actuelles abordent ces problemes de maniere segmentee sur differentes dimensions. Au niveau des « Pollueurs diffus » par des incitations a la reduction de l’utilisation de la quantite de pesticides. Ces actions de type preventives sont parfois ponderees par la dimension spatiale caracterisee par la vulnerabilite intrinseque du milieu. La dimension spatiale commence a etre abordee egalement par des actions « curatives » par l’installation de zones tampons visant une epuration au niveau d’exutoires. Les dimensions de diversites d’impacts, de temporalite, et de diversites d’acteurs impactes ne sont jamais utilisees dans ces demarches. De plus la diversite des impacts produits par les « Pollueurs diffus » n’est pas prise en compte. A partir de ce constat, nous avons essaye de concevoir une methode de gestion integree des pesticides sur un territoire (un bassin versant) prenant en compte les cinq dimensions et de formaliser des relations entre ces dernieres. L’objectif a ete d’elaborer une methodologie dans le cadre d’une demarche participative, et des instruments permettant d’estimer les impacts sur la sante, l’environnement et l’economie des exploitations d’une gestion raisonnee de l’utilisation des pesticides. Cette approche a ete teste sur deux territoires classes zone Ramsar : le bassin de l’Etang de l’Or (petite Camargue) et la Merja Zerga au Maroc. Ces objectifs necessitant des indicateurs operationnels de terrain complementaires a l’IFT pour l’aide a la reflexion sur la gestion des risques phytosanitaires a la fois sur la sante humaine et sur les differents compartiments de l’environnement nous ont conduit a developper des indicateurs permettant d’evaluer les risques phytosanitaires au niveau de la sante humaine principalement de l’applicateur (IRSA) et de l’environnement (IRTE), nous avons donc developpe un logiciel de calcul (EtoPhy) pour ces deux indicateurs de risque des matieres actives. Ce logiciel permet de determiner les indicateurs de risque de toxicite en fonction du type de produit (cible, formulation), des cultures et de l’exposition (dose homologuee ou appliquee). Ces indicateurs sont utilisables a echelles (parcelles, exploitations agricoles, territoire. L’elaboration d’un outil de gestion integre des pesticides sur un bassin versant s’appuie au depart sur un modele regional de fonctionnement du bassin avec une plateforme de modelisation3.Dans le cadre du projet Tram, nous avons construit deux modeles de bassin par agregation d’unite spatiales emboitees. Ces modeles ont ete construits a partir de la repartition spatiale des cultures, une typologie de producteurs et une typologie des pratiques phyt sanitaires associee a un calendrier de ces pratiques. Ces pratiques ont ete caracterisees par des indicateurs de pression et des indicateurs d’impact sur l’environnement et sur la sante de l’applicateur (aigue et chronique) (Ayadi et al. 2012, 2013). Cet outil nous permet d’evaluer l’impact de l’utilisation des pesticides a differentes echelles (parcelle, Exploitations agricoles, communes, sous bassin et bassin) et de determiner la contribution des differents types de systemes de production dans la pollution totale. A partir de ce diagnostic, nous avons simule, en prenant en consideration les differents leviers d’action de la parcelle au territoire, des modifications possibles de pratiques phytosanitaires afin d’evaluer les consequences des differentes situations sur l’ensemble du bassin. L’objectif a ete d’evaluer l’impact de nouvelles pratiques phytosanitaires et de disposer d’elements de reflexion pour l’elaboration des strategies collectives de gestion, comme l’alternance de l’utilisation de certains produits, la possibilite de proposer des changements dans la repartition spatiale des cultures, l’implantation de zones tampons... Le premier modele sur le bassin versant de la Merja Zerga au Maroc, a ete oriente vers l’analyse de scenarios de choix d’assolements au niveau spatial et la gestion d’itineraires techniques a partir d’une typologie d’exploitations types. Nous nous sommes places dans une gestion annuelle et pluriannuelle pour analyser les impacts sur le milieu comme ci- dessous notamment en terme de pression phytosanitaire (IFT), en terme de risque sante pour les applicateurs (IRSA) et de risque environnemental (IRTE). Le deuxieme modele sur le bassin versant de l’etang de l’Or en France, a ete oriente vers l’analyse de scenarios de gestion des itineraires techniques au niveau spatial et temporel en terme intra annuel. Nous nous sommes places dans une gestion intra-annuelle pour analyser les impacts sur le milieu des calendriers de traitement pour reperer les pointes de traitement et evaluer les risques au niveau temporel sur le bassin. A partir d’une caracterisation spatialisee de la pression nous avons pu ainsi evaluer le calendrier des impacts en terme de risque sante (IRSA) et de risque environnemental (IRTE). A partir de ces modeles de fonctionnement des territoires un jeu de simulation a ete developpe, SimPhy (Simulation des pratiques phytosanitaires), mettant les acteurs en situation de gestion des exploitations agricoles sous contraintes de reduction des phytosanitaires (quantite et toxicite) et de marche. SimPhy est un jeu pilote (avec des objectifs et des contraintes imposees par l’animateur) compose de deux phases, au cours desquelles un certain nombre de scenarios sont testes, les joueurs etant amenes a decider des assolements et des itineraires techniques sous contraintes. Dans la premiere phase, la gestion des exploitations est faite individuellement sans concertation entre les joueurs et sous contraintes de type d’annees de pression phytosanitaire, de marche et de reglementations. Dans la deuxieme phase, la gestion des exploitations est faite collectivement en concertation et avec negociation des regles et des strategies entre les joueurs. Le jeu SimPhy permet un dialogue direct avec et entre les acteurs et facilite l’apprentissage de la concertation. Une premiere application avec les acteurs de terrain a ete realisee sur le terrain de la Merja Zerga. Ce jeu a ete egalement ete utilise dans le cadre de formations de Master, et des formations pour des acteurs locaux et des gestionnaires sont envisagees dans le but d’un apprentissage d’une gestion collective des pratiques phytosanitaires sur un territoire.
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