Bilan des tempêtes de l’hiver 2013-2014 sur la dynamique de recul du trait de côte en Bretagne

2015 
Entre les mois de decembre 2013 et mars 2014, une douzaine de tempetes ont touche la pointe bretonne avec une frequence exceptionnelle. C’est au mois de fevrier que ces evenements ont ete les plus frequents et particulierement virulents. Les hauteurs significatives des vagues mesurees au large du Finistere ont atteint respectivement 12,3 m et 12,4 m lors des tempetes Petra et Ulla du 5 et du 14 fevrier. L’analyse des conditions hydrodynamiques montre toutefois que seuls trois episodes ont ete particulierement morphogenes car ils ont ete combines a des fortes marees de vive-eau ; il s’agit des evenements couvrant les periodes du 1 au 4 janvier, du 1 au 3 fevrier, et du 2-3 mars 2014 durant lesquels les niveaux de maree observee ont ete superieurs au niveau des plus hautes marees astronomiques (PHMA). Les surcotes maximum (entre 0,80 m et 0,97 m) ont ete atteintes lors de la tempete Ulla du 14-15 fevrier. Il faut remonter a l’hiver 1989-1990 pour connaitre une situation hivernale similaire, meme si les tempetes du mois de fevrier 1990 avaient ete encore plus nombreuses et plus violentes. Des mesures topo-morphologiques a haute frequence realisees sur une dizaine de cordons littoraux repartis sur le pourtour de la peninsule bretonne permettent d’evaluer les effets de ces evenements sur le recul du trait de cote. Elles montrent que durant la premiere phase (decembre-janvier), marquee notamment par l’episode morphogene du 1 au 4 janvier 2014, l’erosion du rivage a ete limitee, a l’exception du sud Bretagne. Cela s’explique par l’orientation plutot sud-ouest de la houle incidente. De facon generale, le recul a atteint en moyenne -2,7 m (le minimum moyenne sur l’ensemble des sites : -0,6 m ; le maximum moyenne sur l’ensemble des sites : -6,20 m). Durant la seconde phase de mi-janvier a mi-fevrier, caracterisee par la tempete du 1-2 fevrier qui a ete la plus morphogene de l’hiver, le recul moyen a atteint -4,2 m (le minimum moyenne sur l’ensemble des sites : -1,5 m ; le maximum moyenne sur l’ensemble des sites : -9,5 m). C’est essentiellement la cote nord et ouest de la Bretagne qui a enregistre les reculs les plus importants car la houle etait alors orientee O-NO. Durant la troisieme et derniere phase qui s’etend de mi-fevrier a mi-mars, marquee par l’episode morphogene du 2-3 mars, le recul du trait de cote a ete tres faible. Il a atteint -1 m en moyenne (le minimum moyenne sur l’ensemble des sites : -0,6 m ; le maximum moyenne sur l’ensemble des sites : -1,9 m). A l’echelle de l’hiver 2013-14, l’erosion du rivage pour l’ensemble des sites observes a atteint -6,3 m en moyenne (minimum : -0,2 m ; maximum : -30,1 m). Lorsque l’on observe plus en detail ces chiffres, il apparait que ce sont les cordons dunaires qui ont le plus recule, viennent ensuite les formes fuyantes a pointe libre de type fleches sableuses ou les cordons de galets ; les reculs les plus faibles concernent les plages adossees ou les falaises entaillees dans des materiaux coherents comme les plages pleistocenes ou les falaises de head. La reponse des plages aux trois episodes morphogenes a ete differente. Celui du debut du mois de fevrier reste le plus erosif et s’explique en grande partie par une plus forte sensibilite des cordons prealablement fragilises par l’episode du debut du mois de janvier. A l’inverse, la tempete du mois de mars n’a pratiquement eu aucun impact. Ces elements montrent qu’il n’y a aucun effet cumulatif atteste de l’effet des tempetes. Sur une longue periode marquee par une serie d’evenements tempetueux, au-dela d’un certain seuil dans le processus de recul du rivage, l’action erosive des episodes morphogenes n’agit plus de facon significative, quelle que soit leur intensite.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    59
    References
    25
    Citations
    NaN
    KQI
    []