L'offense à la chair, ou l'emblème de la déshumanisation. Regards sur l'oeuvre guerrière d'Otto Dix

2018 
En 1924, dix ans apres son engagement au front lors de la Premiere Guerre mondiale, l’artiste allemand Otto Dix devoile une serie de cinquante gravures a l’eau-forte intitulee Der Krieg : paysages morceles par les crateres d’obus, cadavres dans la boue, scenes de prostitution, Gueules cassees et corps estropies ; autant de motifs qui materialisent l’experience guerriere de l’artiste avec force et violence. Dans sa quete de realisme, Dix evoque aussi le sort des anciens soldats revenus a la vie civile, et dont les cicatrices apparentes, ces offenses a la chair, alterent douloureusement le rapport a la societe — plus encore pour les mutiles du visage. A ce titre, le sociologue Pierre Le Queau met en lumiere un aspect de l’alterite extreme qui touche a l’humanite meme de l’individu, lorsqu’il pose la comparaison entre la blessure faciale et le masque antique terrifiant de la Gorgone Meduse ; une alterite qui n’est pas sans rappeler le concept freudien d’inquietante etrangete, deja enonce par Jentsch en 1906. En prenant ce postulat pour point de depart, nous verrons ce qui dans l’œuvre d’Otto Dix, materialiserait cette notion d’alterite, en tant que marqueur de deshumanisation et de rupture du lien social. Mots-clefs : Otto Dix ; Grande Guerre ; defiguration ; deshumanisation ; inquietante etrangete ; gueules cassees ; mutilations ; anthropologie ; art ; psychanalyse
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