Dysgammaglobulinémie et maladie de Gaucher : analyse du Registre Français de la Maladie de Gaucher
2019
Introduction La maladie de Gaucher (MG) est une maladie genetique rare a transmission autosomique recessive, due a un deficit enzymatique en glucocerebrosidase entrainant une accumulation de son substrat, le glucosylceramide dans les lysosomes des macrophages. La MG de type 1 est la plus frequente, et se manifeste principalement par une hepatosplenomegalie, une anemie, une thrombopenie, et une atteinte osseuse parfois severe. Il semble exister une augmentation de la prevalence des hypergammaglobulinemies (HG) polyclonales et des gammapathies monoclonales (GM), ainsi qu’un surrisque de myelome multiple (MM) de 1,3 a 55 fois superieur a la population generale. Cependant, les facteurs de risques de developper ces dysgammaglobulinemies, leur association avec la severite de la maladie, et l’evolution sous traitement specifique restent peu connues. Materiels et methodes Les patients issus du Registre Francais de la MG ayant eu une recherche de GM ou un dosage de gammaglobulines au diagnostic ou au cours de leur suivi ont ete inclus dans l’analyse. Leurs caracteristiques clinico-biologiques au diagnostic de MG et au cours du suivi, ainsi que leurs traitements ont ete recueillis. Les facteurs de risque de developper une GM et/ou une HG ont ete analyses par des tests du log-rank et des modeles de Cox multivaries. Leur association avec la severite de la MG a ete analysee par des modeles de Cox multivaries, en etudiant leur association avec le premier evenement osseux clinique (osteonecrose aseptique, infarctus osseux, et/ou fracture pathologique) et la premiere thrombopenie severe definie par un taux de plaquettes L’evolution sans et sous traitement specifique (enzymotherapie substitutive ou reduction de substrat) du taux de gammaglobulines a ete analysee avec des modeles mixtes, et l’evolution des GM, ainsi que la survenue d’hemopathies malignes de maniere descriptive. Resultats Un total de 278 patients issus du registre francais ont ete inclus, dont 235 ayant eu au moins un dosage de gammaglobulines et 187 ayant au moins eu une recherche de GM. 112/235 patients (47,7 %) ont eu une HG au diagnostic (15/235) ou au cours du suivi (96/235) a un âge moyen de 35,0 ± 16,4 ans, avec un taux moyen de gammaglobulines de 18,6 g/L. 59/187 patients (31,6 %) ont eu une GM au moins une fois au cours de leur vie, dont 20 patients au diagnostic de MG et 39 au cours du suivi, apres un delai de 19,0 ± 11,1 annees apres le diagnostic de MG. L’âge moyen au diagnostic de GM etait de 49,7 ± 14,3 ans. En analyse multivariee, l’âge au diagnostic etait le seul facteur associe a la survenue d’une GM (HR 1,08 ; 95 %IC 1,05–1,10). Les GM et les HG n’etaient pas associes a un surrisque d’evenements osseux ou de thrombopenie severe. Le taux de gammaglobulines diminuait de maniere significative sous traitement specifique (p = 0,009). 2 GM ont regresse sans traitement et 7 GM ont regresse sous traitement. Durant le suivi, 5/187 patients ont developpe des lymphomes non hodgkiniens (1 apres GM et 3 apres HG) et 1/187 un myelome multiple (apres GM). Conclusion L’âge au diagnostic est associe a un surrisque de GM chez les patients atteints de MG. Les GM et les HG ne semblent pas etre associes a des phenotypes plus severes de MG, mais doivent faire l’objet d’une surveillance quant a la survenue d’hemopathie maligne. Les dysgammaglobulinemies semblent s’ameliorer sous traitement.
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