Pemphigoïde bulleuse et gliptine : analyse rétrospective monocentrique d’une série de 40 patients

2020 
. Introduction Les principaux facteurs de risque de developper une pemphigoide bulleuse (PB) sont l’âge, les maladies neurologiques et les medicaments. Recemment, les gliptines ou inhibiteurs de dipeptidyl-peptidase-4 ont ete incriminees. A ce jour, aucune recommandation n’existe sur l’attitude therapeutique concernant la poursuite ou l’interruption des gliptines lorsqu’elles sont responsables de PB. Les resultats des etudes sont discordants. L’objectif de notre etude retrospective etait d’evaluer la reponse clinique a 3 mois des pemphigoides bulleuses sous gliptine en fonction de la poursuite ou de l’arret de celle-ci. Materiel et methodes Parmi 372 PB recrutees de janvier 2009 a decembre 2019, 40 PB sous gliptine ont ete incluses. Le critere de jugement principal etait la reponse complete a 3 mois du diagnostic de la pemphigoide bulleuse, en fonction de la poursuite ou de l’arret des gliptines. Les criteres de jugement secondaires etaient la reponse complete a 1 et 6 mois, le recours a un traitement systemique et le delai d’introduction du traitement systemique en fonction de la poursuite ou de l’arret des gliptines. Resultats Parmi 40 PB sous gliptine, 55 % etaient moderement bulleuses (≤ 10 bulles), 51,3 % n’avaient pas d’hypereosinophilie sanguine, 77,5 % avaient une presentation urticarienne, 55 % avaient des anticorps anti-BP180 et 37,5 % n’avaient pas d’anticorps anti-BP180 ni anti-230. On notait la prise de vildagliptine dans 67,5 % des cas au moment du diagnostic. Le delai moyen entre l’introduction de la gliptine et le diagnostic de la PB etait de 28,8 mois ; 20 patients ont poursuivi la gliptine et 20 patients l’ont arretee. A 3 mois du diagnostic de la PB, un plus grand nombre de remissions completes etait constate chez les patients ayant arrete la gliptine (p = 0,0006). Cette difference se maintenait a 6 mois (p = 0,0031). Il n’y avait pas de difference significative entre les traitements utilises pour mettre en remission la PB dans les deux groupes (p = 0,75). L’analyse en sous-groupe montre que les PB avec arret de la gliptine ont ete plus rapidement ete prises en charge par un traitement systemique. Le delai moyen d’introduction etait de 25,7 jours lorsque la gliptine a ete arretee contre 206 jours lorsque la gliptine a ete poursuivie (p = 0,0128). Discussion Nos resultats montrent que les patients ayant arrete la gliptine sont plus souvent en remission complete a 3 mois et 6 mois que ceux ayant poursuivi la gliptine. Cependant, les patients ayant interrompu la gliptine etaient plus rapidement mis sous traitement systemique pour la PB. L’arret des gliptines pourrait permettre une mise en remission complete plus rapide.
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