Dans la paume de la main : L’archéologie du cinéma en un geste

2018 
Il n’est sans doute aucun geste que l’homme contemporain ne connaisse le mieux et n’accomplisse avec le plus de frequence que regarder la paume de sa main en tenant un dispositif technique : la posture qu’il prend est tres reconnaissable, en partie induite par les nouvelles technologies, en partie memoire de gestes tres anciens ou la paume de la main etait utilisee comme une surface a lire ou a consulter. A partir de la seconde moitie du XIXeme siecle, avec la resurgence de differents savoirs de la main a la frontiere entre science et magie, le geste devient une maniere de configurer avec le corps un dispositif de visualisation qui, a certains egards, prefigure le cinema : selon la nouvelle chiromancie, la paume donne forme au temps en recoupant passe et futur tandis que selon la nouvelle chirognomonie, il s’agit d’un miroir ou se refletent l’homme, ses caracteristiques psychologiques ainsi que ses gestes (stenographies entre les plis cutanes, selon une ancienne pratique d’enseignement de la musique mais aussi selon les idees de certaines theoriciens du cinema, comme Sergei M. Eisenstein, qui y font reference). C’est la un exemple de ce qu’affirmait un anthropologue eclectique comme Marcel Jousse, a savoir que certains gestes humains representent une forme de pensee corporelle a travers laquelle l’homme a imagine et anticipe la technique. Le cinema lui-meme semble se reconnaitre dans ce geste primaire puisqu’il presente le motif de la paume comme un ecran sur lequel defilent des images animees au debut du XXeme siecle deja, pour le developper ensuite a fond, surtout au cours des annees vingt. L’archeologie des medias reconnait-elle donc dans le geste un de ses propres objets ?
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