Les impasses de la transe à l’école. Violences de genre, religions et protestations à N’Djamena

2018 
Depuis des annees, des transes se succedent dans des etablissements scolaires de N’Djamena et touchent principalement des etudiantes. Dans cet article, j’analyse certaines reactions d’enseignants et de parents, mais aussi des medias et des autorites religieuses et politiques qui commentent ou qui interviennent pendant ces crises dans les ecoles. Les references frequentes a des « maladies », a des « syncopes » ou a l’« hysterie » renvoient, parfois simultanement, a differentes menaces ressenties qui peseraient sur la ville et ses habitants. Ainsi, les elans d’une jeunesse trepidante sont relies a l’apparition de djiins, shâyatins, sirenes aquatiques et autres figures sorcellaires, dont la proximite menacante serait revelee par la profusion d’accessoires de beaute chez les filles, autant que par les effets supposes de certains « parfums de Boko Haram » (la secte ayant frappe mortellement N’Djamena). Parallelement a ces interpretations populaires, politiques et religieuses, la transe semble surtout s’articuler pour la jeunesse etudiante de N’Djamena a l’experience de souffrances et d’abus repetes, mais aussi a differentes luttes pour l’emancipation. En conclusion, j’avance l’hypothese selon laquelle ces conduites corporelles exceptionnelles permettent a une partie de la jeunesse tchadienne d’exprimer ses malaises et ses aspirations, tout en lui posant, du fait des proprietes caracteristiques du phenomene de la transe, des limites contraignantes.
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