Avant-propos de GESS- Gestion des entreprises sociales et solidaires
2018
Nous avons un projet scientifique et professionnel.
Et si l’etalon en sciences de gestion c’etait l’entreprise sociale et solidaire ?
Et si l’on cessait de penser qu’il est normal qu’une entreprise recherche le profit a tout prix sans prendre en compte les effets d’externalites de son activite et les interets de ses parties prenantes ?
Et si on enseignait aux etudiants que la gestion raisonnable et performante est celle qui assure le respect des principes de democratie et qui ambitionne comme finalite l’interet general et collectif ?
N’est-il pas plus juste de penser qu’une entreprise qui remplit les conditions de la definition de l’economie sociale et solidaire listees ci-dessous est une entreprise plus performante et plus legitime dans la societe que celle qui recherche en priorite la maximisation du profit et la remuneration des actionnaires ?
Voici un extrait de la definition de l’economie sociale et solidaire, texte de loi de 2011 pour illustrer notre questionnement :
« 1° Un but poursuivi autre que le seul partage des benefices ;
2° Une gouvernance democratique, definie et organisee par les statuts, prevoyant l’information et la participation [...] des associes, des salaries et des parties prenantes aux realisations de l’entreprise ;
3° Une gestion conforme aux principes suivants :
a) Les benefices sont majoritairement consacres a l’objectif de maintien ou de developpement de l’activite de l’entreprise ;
b) Les reserves obligatoires constituees, impartageables, ne peuvent pas etre distribuees. » Le renouveau des initiatives portees par des entreprises sociales et solidaires
En sciences de gestion, la theorie la plus influente de l’entreprise est celle de l’entreprise capitaliste. Pourtant, d’autres modeles d’entreprises se sont developpes depuis la premiere moitie du 19e siecle et ont contribue a l’emergence et la reconnaissance, depuis une trentaine d’annees, de formes d’organisations differentes de l’entreprise capitaliste et de l’entreprise publique. Comme les entreprises de capitaux, ces formes d’entreprises realisent une production organisee de biens et de services et ont une autonomie et une independance vis-a-vis de l’Etat, mais la gouvernance democratique et la distribution limitee ou interdite de leurs excedents en font des entreprises differentes (Bouchard, Cruz Filho et St-Denis, 2011). De maniere generale, ces organisations – cooperatives, mutuelles, associations, fondations, etc. – et pratiques cherchent a incarner un projet de societe plus egalitaire et democratique, les valeurs humaines, sociales et democratiques comme les principes d'autonomie, de solidarite et de responsabilite y etant souvent mis en avant (Cheney et al., 2014 ; Laville et Glemain, 2009; Parker et al., 2014). Elles ont contribue a institutionnaliser le mouvement de l’economie sociale et solidaire.
Il s’agit donc de s’interesser aux renouveaux des initiatives actuelles, traduites dans ces organisations « alternatives », qui ne relevent ni totalement du marche ni totalement de l’Etat, et qui s’inscrivent dans l’economie sociale et solidaire.
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