Perception des risques professionnels chez le personnel de soins en milieu carcéral au Maroc

Cette etude epidemiologique transversale a pour but d'identifier la perception des risques professionnels chez le personnel de soins en milieu carceral, d'evaluer sa satisfaction au travail et de proposer des mesures preventives. Elle s'est deroulee en 2000, dans differents etablissements penitentiaires. Parmi les 140 questionnaires distribues, seuls 58 % ont ete recuperes. 72,8 % du personnel affirment que la garde a une influence negative sur leur travail et leur sante et 90,1 % sur leur vie sociale. 35 % trouvent l'ambiance de travail confinee et 79 % signalent des odeurs desagreables, 80,2 % se plaignent de contraintes thermiques, dont 50,6 % de courant d'air, 35 % de chaleur et 74 % d'humidite. Le mauvais eclairage des locaux de travail est souligne par 55,5 %. Les maladies infectieuses les plus redoutees sont la tuberculose (98,8 %), la gale (93,8 %), la syphilis (91,4 %), puis l'hepatite virale (41,9 %) et l'infection a VIH (41,9 %). Les objets a risque sont les aiguilles creuses (80,2 %), les aiguilles pleines (76,5 %) et les lames de bistouris (75,2 %). Les accidents exposant au sang sont rapportes par 87,7 % de la population enquetee. La totalite du personnel estime que le travail est monotone et la moitie considere qu'il existe un reel dephasage entre la responsabilite assignee et le pouvoir accorde. 80,2 % ont subi des menaces de la part des detenus. 31,6 % declarent qu'ils sont parfois plus agressifs au travail que chez eux et 16,3 % manifestent une insatisfaction au travail. Seuls 2,5 % ont beneficie de stages de formation en hygiene et prevention. La loi, publiee en aout 2000, concernant l'organisation et la gestion des institutions carcerales, garantit un certain nombre de droits aux prisonniers (hygiene, protection de la sante et soins medicaux), mais ne traite pas des services medicaux du travail pour les professionnels de sante.