Mise en jeu et rôles physiologiques des peptides opioïdes endogènes dans l'adaptation à l'exercice physique

Resume L'exercice physique entraine chez l'homme une elevation significative des concentrations plasmatiques de β-endorphine et probablement aussi une augmentation de l'activite opioide cerebrale. Cependant, le role physiologique des opioides liberes dans la circulation sanguine ou au niveau du systeme nerveux central reste mal connu. Les travaux publies ces dernieres annees et nos donnees personnelles dans ce domaine montrent que les peptides opioides endogenes ont un role vraisemblablement important dans l'adaptation des grandes fonctions physiologiques (cardiorespiratoire, hormonale et metabolique) a l'exercice et a l'entrainement physique. Tout d'abord, des interactions complexes ont ete mises en evidence entre les systemes opioides et catecholaminergiques. Les opioides semblent inhiber partiellement l'activite sympathique, et ceci pourrait leur conferer un role important dans la modulation des adaptations cardiorespiratoires et metaboliques dans le contexte de l'exercice physique. Cette notion doit etre gardee a l'esprit dans l'analyse des differents effets des opioides endogenes. Ainsi les peptides opioides, comme la morphine et ses derives, semblent responsables d'une inhibition relative des fonctions cardiovasculaires et ventilatoires a l'exercice et chez les sujets entraines. Ces effets pourraient etre dus a une diminution de l'activite sympathique. L'exercice prolonge est egalement associe a une augmentation du seuil de douleur et a un etat de bien-etre et de reduction de l'anxiete tout a fait objectives par des tests appropries. Le role des opioides endogenes dans ces modifications comportementales est tres probable et peut egalement etre rapproche des effets bien connus des morphiniques. Par ailleurs, plusieurs travaux experimentaux ont montre les effets multiples de differents agonistes et antagonistes opiaces sur le metabolisme du glucose et les secretions pancreatiques endocrines. Chez l'homme et chez plusieurs especes animales, la β-endorphine injectee par voie centrale ou peripherique est responsable d'une augmentation simultanee des concentrations plasmatiques de glucose et de glucagon. Cependant ces effets pharmacologiques ne semblent pas retrouves dans les conditions physiologiques d'activation du systeme des opioides endogenes par l'exercice musculaire. Un effet de stimulation de la secretion d'insuline pourrait exister, mais peu de travaux ont porte sur ce probleme et les effets precis des opioides sur l'adaptation du metabolisme glucidique a l'exercice sont difficiles a etablir a l'heure actuelle. Enfin, plusieurs etudes ont montre l'existence de troubles de la fonction sexuelle chez la jeune femme sportive de haut niveau, en particulier une frequence elevee d'amenorrhee qui pourrait etre liee a une augmentation chronique de l'activite des neurones β-endorphinergiques hypothalamiques. Des theories interessantes ont ete proposees pour integrer les effets varies des peptides opioides endogenes sur les adaptations physiologiques a l'exercice physique. Par leurs effets antalgiques, comportementaux, et inhibiteurs des fonctions cardiovasculaire et respiratoires, les peptides opioides pourraient participer a l'amelioration de l'endurance et de la performance physique de l'individu. Par ailleurs, leurs effets metaboliques et hormonaux pourraient conduire a la creation d'un milieu hormonal mieux adapte aux besoins glucidiques de l'organisme pour un travail musculaire donne, avec un effet non negligeable d'epargne des reserves energetiques.