Risques du nouveau vaccin recombinant contre le zona : une étude rétrospective sur 622 patients de rhumatologie

2020 
Introduction Le vaccin recombinant contre le zona (VRZ) est autorise en Europe depuis 2018 mais n’est pas encore disponible en France. Ce nouveau vaccin ayant demontre son efficacite est compose d’un nouvel adjuvant hautement immunogene (AS01B) entrainant un risque potentiel de poussee chez les patients atteints de maladies auto-immunes ou auto-inflammatoires (MAA). Ces patients ayant ete majoritairement exclus des etudes randomisees initiales, leur risque de poussee est a ce jour incertain [1] , [2] , [3] . Patients et methodes Il s’agissait d’une etude retrospective monocentrique incluant les patients suivis dans un service de rhumatologie americain, ayant ete vaccines par au moins une dose de VRZ entre fevrier 2018 et mai 2020. Les donnees etaient extraites des dossiers medicaux informatises. Une poussee etait definie par l’apparition ou l’aggravation de symptomes lies a la MAA sous-jacente ou une nouvelle prescription/augmentation de prednisone dans les 12 semaines suivant chaque dose vaccinale. Des facteurs de risque de poussee etaient recherches via une analyse statistique par un modele de regression logistique et par une analyse de survie (modele de Cox multivarie). Les effets indesirables lies au vaccin et l’apparition de zona etaient egalement recueillis jusqu’a la date de dernier suivi. Resultats Au total, 622 patients de rhumatologie etaient inclus (âge median 67  ans , 67 % de femmes), 8,5 % rapportaient un effet indesirable lie au VRZ, et un zona dans 0,6 % des cas apres un suivi median de 36 semaines. Parmi les 622 patients, 359 etaient atteints de MAA aux premiers rangs desquelles figuraient la polyarthrite rhumatoide (PR, n = 88), les vascularites (n = 50, le BVAS median avant vaccination parmi les 25 patients atteints de vascularites des petits vaisseaux etait de 0), la pseudopolyarthrite rhizomelique (PPR, n = 29) et le lupus erythemateux dissemine (LED, n = 28). Au moment de la vaccination, 35 % des patients MAA etaient sous corticotherapie orale. Une poussee etait rapportee chez 59/359 patients (16 %), ceux atteints de PR avaient le taux de poussee le plus haut (n = 21, 24 %). Parmi 50 patients atteints de vascularite, 5 avaient presente une poussee dont une seule vascularite des petits vaisseaux (BVAS median post vaccination = 0). Un changement du traitement au long cours de la MAA (decroissance de la corticotherapie, changement d’immunosuppresseur par exemple) etait retrouve au moment de la vaccination pour un tiers des patients presentant une poussee (n = 18). Les poussees etaient majoritairement legeres ou moderees, elles etaient traitees par corticoides oraux dans 45 % des cas (n = 27, dose mediane 20 mg/jour). Un quart d’entre elles (n = 15, 25 %) imposaient un changement du traitement immunosuppresseur/modulateur de la MAA. Les patients sous Jak-inhibiteurs ou sous corticotherapie au moment de la vaccination ainsi que les patients atteints de PR avaient un taux de poussee significativement plus haut (p = 0,032, p = 0,002 et p = 0,030 respectivement) que dans le reste de la population. En regression logistique multivariee, seule la corticotherapie restait significativement associee au taux de poussee (odd-ratio 2,3 [1,3–4,1], p = 0,004). Une analyse du delai jusqu’a la poussee apres la premiere dose de vaccin (modele de Cox multivarie) retrouvait l’association de la corticotherapie avec le risque de poussee (hazard-ratio 2,4 [1,3–4,5], p = 0,00039). Une deuxieme analyse concernant seulement les 263 patients MAA ayant recu 2 doses de RZV montrait qu’avoir eu une poussee de la maladie apres la premiere dose etait associe a une nouvelle poussee apres la deuxieme dose vaccinale (hazard-ratio 3,9 [1,7–9], p = 0,0015). Discussion L’introduction du VRZ est une avancee majeure dans la prevention du zona. Cette etude aide particulierement a estimer le risque des patients atteints de MAA en observant une large cohorte, notamment des patients atteints de LED et de vascularite chez qui les donnees sont rassurantes. L’association de la corticotherapie avec le risque de poussee ainsi que le taux de patients ayant eu de maniere concomitante au vaccin un changement de leur traitement immunosuppresseur suggere que ces patients avaient une maladie active au moment de la vaccination et encourage les praticiens a vacciner autant que possible au moment ou leur MAA est quiescente. Conclusion Le VRZ etait generalement bien tolere chez les patients atteints de MAA bien que des poussees n’etaient pas inhabituelles dans les 12 semaines apres la vaccination. Cette etude permettra de guider les futures etudes francaises lors de l’arrivee du VRZ dans la pratique courante et d’informer les patients lors de la balance benefice/risque.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []