L’eau et l’anthroposystème. Répartition et gestion des productions de matière et d’eau du XVIIIe s. au XXIe s. dans la plaine du Miey de Béarn

2013 
Dans la plaine du Miey de Bearn, le cours moyen du Gave de Pau connait une forte dynamique. Elle s’exprime dans la forme du lit en « tresses » qui debouche a l’aval apres Artix sur la partie inferieure ou se succedent les meandres. Dans la zone la plus dynamique qui inclue une partie du lit majeur, les traces de chenaux aujourd’hui entierement colmates et de bras morts pouvant etre reactives sont le temoignage de cette mobilite du lit. Dans le lit mineur, les successions d’atterrissements, de radiers et de mouilles sont l’expression de la dynamique naturelle qu’accentuent tout en la modifiant les successions d’amenagements du lit mineur (barrage et seuils), des berges (epis et enrochements), du lit majeur (culees de ponts, routes et chemins, carrieres d’extraction). Tout cela resulte d’une forte anthropisation qui a eu pour principal objet de maitriser un gave juge par trop impetueux et potentiellement a risques. S’y ajoute aujourd’hui une autre facette, celle d’un paysage empreint d’une nature exuberante que sont les boisements alluviaux des berges et zones humides adjacentes au cours d’eau : les Saligues. Ces espaces representent comme autrefois, de veritables enjeux de developpement local et seule la nature profonde de ces enjeux a change. Ainsi, en aval du cours d’eau dans la plaine du Miey de Bearn, la retenue d’Artix et ses boisements offrent le gite et une partie du couvert a des oiseaux migrateurs. Ils suscitent l’interet de personnes de plus en plus nombreuses qui visitent le site, jumelles en bandouliere. Plus en amont les sentiers de randonnee attirent les promeneurs avides de nature. A l’exception de l’eau et des galets, nous sommes passes d’une utilite integree aux pratiques domestiques, agricoles et artisanales des societes rurales a des pratiques recreatives de societes urbaines. Mais, cet « etat de nature » si seduisant aujourd’hui, ne doit pas faire perdre de vue qu’au regard de l’histoire des hommes et des milieux, la saligue materialise la zone de contact de deux ecosystemes. L’un, « l’ecosysteme cultive », est celui modele par les hommes qui l’exploitent et l’habitent depuis leurs premieres installations sur les terrasses alluviales et l’autre, celui du Gave, totalement soumis aux lois biophysiques, constitue un espace d’utilite non « domestique ». Alors que cette interface entre ces deux milieux est sans cesse en construction et deconstruction, les agriculteurs et les autres usagers de l’eau (pour sa force motrice, ses diverses ressources a usages diversifies …) sont enclins a vouloir maintenir des espaces stabilises plus exploitables. C’est bien ce rapport de force incessant que nous voulons analyser en tant que constante culturelle creatrice d’un patrimoine specifique. Notre recherche porte sur ce va et vient de l’Homme a la « Nature » mais aussi la resilience des saligues en constante recomposition pour un retour a un « etat naturel », proposant par la meme des ressources diversifiees pour autant d’enjeux de societe.
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