Pronostic des patients hospitalisés en médecine interne après passage aux urgences : le rôle du médecin généraliste
2019
Introduction Les services de medecine interne (MI), peuvent etre amenes a accueillir une proportion importante de patients ayant consulte aux urgences, qu’ils aient ete adresses ou non par leur medecin generaliste (MG). Ces hospitalisations non programmees sont a risque d’iatrogenie et de dependance (sejours prolonges). Nous avons voulu : – caracteriser le pronostic des patients hospitalises en MI via les urgences ; – etudier le role pronostic du MG pour ces patients. Patients et methodes (1) Retrospectivement, dans un service de MI, pendant une annee, les caracteristiques des patients hospitalises de maniere non programmee via les urgences (URG + ) (et de leur sejour) ont ete comparees a celles des hospitalisations programmees (URG-) (hors HDJ et HDS). Les variables demographiques, les diagnostics principaux et associes, le niveau de severite du Groupe Homogene de Malades (GHM), les comorbidites (score de Charlson), la duree de sejour, les modalites de sortie ont ete recueillies. (2) Prospectivement, l’impact du MG sur la duree du sejour et son pronostic ont ete analyses sur un echantillon de patients URG+ au moyen d’un questionnaire adresse aux patients et aux MG, etudiant les indicateurs de fragilite/precarite et la qualite du lien patient-MG. Resultats Les sejours hospitaliers URG+ ( n = 818) representaient 41,4 % des sejours ( n = 1973 ; URG- n = 1155). Apres appariement sur le niveau de severite, les patients URG+ avaient une duree de sejour plus longue (7 jours [4–13] ; p p p p = 0,0015) et une mortalite (2,6 % ; p p p L’etude prospective sur un echantillon de patients URG + ( n = 102) a montre que, bien que la plupart des patients declarait un MG referent (87,3 %), seul un tiers l’avait consulte avant de se rendre aux urgences. Le suivi etait dans l’ensemble regulier et de qualite : 75,3 % avaient une ordonnance recente et 40,4 %, avaient consulte plus de 6 fois/an. L’acces a la consultation etait satisfaisant dans 83,1 % des cas et 43,8 % des patients avaient consulte le MG dans la semaine precedant le passage aux urgences. Un tiers des MG n’etait pas en relation avec les partenaires sociaux du patient et 18,2 % ne connaissaient pas l’etat d’isolement du patient. Comme attendu, un mauvais pronostic (duree de sejour reel superieure a 1,5 fois la DMS nationale, absence de retour immediat a domicile et deces dans les 3 mois) etait lie a la gravite initiale et/ou aux comorbidites. Des consultations moins frequentes aupres du MG et l’isolement social etaient aussi significativement associes a un mauvais pronostic. De meme, un mauvais suivi en ville (absence de MG referent et/ou delai de la derniere consultation superieure a 6 mois) etait associe a des sejours prolonges ( p = 0,06) tout comme la precarite (absence de domicile fixe, barriere de la langue, absence d’activite professionnelle). Conclusion (1) Comme attendu le pronostic des patients hospitalises via les urgences en MI est plus sombre mais (2) il depend de la qualite du suivi par le MG. Ce bon suivi reste difficile pour les patients en precarite qui representent une proportion importante de patients hospitalises.
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