Penser contre les mots : le discours néo-zapatiste ou une rébellion littéraire

2005 
Le corpus des textes produits par l'EZLN (ensemble des communiques livres a la presse depuis 1994) s'inscrit dans une problematique des confins : entre discours de contre-pouvoir et pouvoirs d'un certain discours, c'est a la limite des deux champs de pensee et d'action que ces textes sont lus. Dans ce discours apparait une rupture des genres et des modes de fonctionnement du texte comme miroir ideologique et comme objet litteraire. Le corpus n'est pas homogene ni au plan formel ni au plan semantique. Il se construit peu a peu. Cette heterogeneite n'empeche pas de le considerer comme un tout : occurrences, recurrences, strategies narratives identifiables organisent l'ensemble de maniere coherente. Le corpus puise a de multiples sources ideologiques et narratives melant a un positionnement revolutionnaire de type marxiste, l'heritage intellectuel de la revolution de 1910, une parole indigene, des axes de reflexion emanant de la theologie de la liberation, la perspective altermondialiste contre le neoliberalisme. Dans ce cadre kaleidoscopique, il perdure une valeur relevant du champ politique : la question du pouvoir. Question revisitee dans l'espace narratif du discours : il emane de ceux qui n'ont pas le pouvoir, et il s'inscrit dans le champ discursif des tenants du pouvoir. La reflexion s'articule autour de deux axes : l'emploi des items lexicaux democracia/libertad/justicia et du syntagme verbal de la parole vraie. C'est par une « rebellion litteraire » que l'Ezln conquiert cet espace de la parole « desinteressee » comme pratique du pouvoir. Ce discours constitue l'embleme d'un eclatement du genre politique. Il met en œuvre une esthetique de la rupture.
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