Des lieux d'images. Regards sur les territoires des réfugiés palestiniens

2017 
Des lieux d'images Regards sur les territoires des refugies palestiniens L'histoire des refugies palestiniens, et au-dela des Palestiniens, a, d'une certaine maniere, ete celle de l'acces a des formes de visibilite historique a partir du vide cree par l'exode de 1948 (la nakba, la catastrophe), et la creation d'un seul des deux Etats prevus par le Plan de partage de l'ONU de 1947. En 1948, cette disparition, cette sortie hors du champ de l'histoire, cette absence se sont aussi construites sur une serie d'images. Elles ont ete appuyees par le deni d'appartenance des Palestiniens a la terre de la Palestine tels que le disaient alors le slogan sioniste « un peuple sans terre pour une terre sans peuple », ou, dans les annees 1960, la fameuse phrase de Golda Meir « les Palestiniens, qui sont-ils ? Ils n'existent pas ». Cet article interroge ce lien entre regards, images, memoire et histoire. Reprenant l'idee developpee par Michel Foucault autour des regimes de veridicite (comment un discours peut fonctionner, etre tenu pour vrai), il s'agira ici de s'attacher a des regimes de visibilite qui sont fortement lies a ce qui fait memoire, et surtout a ce qui fait histoire. Le role des images, preponderant dans tout conflit, a ete accru dans ce contexte. Terre trois fois sainte, terre d'un conflit symbolique et surtout d'un conflit territorial et politique, la Palestine historique a de longue date ete un enjeu qui a depasse ses frontieres. Depuis longtemps, l'histoire s'est faite selon l'image que les uns et les autres ont ete a meme de produire et de faire partager au plus grand nombre pour s'assurer des appuis, des relais internationaux. En un sens, l'histoire des images autorisees sur les refugies est une part de leur histoire et sa metaphore : elle reflete le deroulement historique et l'a meme pour une part faconne. Je centrerai mon propos sur les representations de la terre, du territoire de la Palestine historique et des espaces dans lesquels les exiles palestiniens se sont installes apres l'exode. J'analyserai donc surtout les images des premieres decennies (entre 1948 et 1967), les moments pendant lesquels cette invisibilite a ete construite autour, d'une part, de la representation d'un territoire de tout temps mythifie, la terre sainte de la Bible, et, d'autre part, d'images humanitaires, celles de la Croix-Rouge puis de l'UNRWA, qui ont inscrit les « refugies arabes » puis les « refugies de Palestine » dans un nouvel espace, celui du camp. Dans les camps, puis au-dela, l'acces au travail a d'abord ete concu comme un moyen de reimplanter les refugies dans leurs principaux pays d'accueil (Liban, Syrie, Jordanie). Puis, l'image de l'education a lance l'humanitaire dans le cinema. Elle s'est elaboree sur l'idee de se defaire du lien a la terre.
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