Quand le narrateur s'éclipse en créant une ellipse, ou : Maître Alcofrybas, objecteur de conscience ? (Rabelais, Pantagruel, chap. XXXII)

L'article montre que le Pantagruel de Rabelais n'est pas, comme on le repete sans cesse, une ebauche ou un doublet (en plus farfelu) du Gargantua. La symetrie de construction de ces romans, publies a deux annees de distance (1532, puis 1534, pour les premieres editions) vise au contraire a mettre en evidence a quel point pere et fils differaient dans leur jeunesse. Rien ne le montre mieux qu'une ellipse (extraordinaire), du narrateur, Maistre Alcofrybas Nasier, dans le Pantagruel. Elle permet a Rabelais, a travers ce personnage, de denoncer le crime, le genocide meme, commis par le jeune geant lors de la "Guerre des Dipsodes", et cela a une epoque ou, dans le monde reel, les guerres de conquete et de colonisation battent leur plein (et trouvent pourtant des humanistes pour les approuver). A la fin de l'article, nous montrons que Dieu (qui est un personnage du livre), châtie durement Pantagruel, ce qui explique sa metamorphose dans le Tiers Livre.