L’Aconit, la « reine des poisons » : suicide-mode d’emploi des plantes toxiques sur Internet

2017 
Objectif Presenter un cas d’intoxication volontaire par ingestion de graines d’Aconit avec dosages ponderaux de l’aconitine et de ses metabolites dans le sang et l’urine. Description du cas A la suite de l’ingestion volontaire de graines d’Aconit (dose supposee ingeree de 7 grammes), une jeune femme de 21 ans est admise au service des urgences, devant la survenue de symptomes cliniques concordants avec ceux d’une intoxication a l’Aconit. Elle presentait alors des paresthesies de la bouche, des douleurs abdominales et une insomnie. L’ECG initial (FC a 110 bpm, PR a 0,178 s, QRS normaux, QT corrige a 0,469 s) s’est temporairement modifie avec apparition d’un bigeminisme associe a une legere baisse de la tension arterielle pendant une duree de 4 heures. La kaliemie etait a 4,1 mmol/L, la creatinine a 73 mmol/L, la troponine inferieure a 5 ng/L, les ALAT et ASAT normaux, la glycemie a 4,1 mmol/L. Les anomalies du rythme cardiaque n’ont pas necessite de traitement anti-arythmique ou inotrope. Afin de confirmer cette intoxication, des echantillons sanguins et urinaires ont ete recueillis a l’admission et 12 heures apres. L’achat des graines d’Aconit avait ete effectue sur un site Internet de jardinage sans mention d’un danger particulier lie a la plante. Methodes Un screening large de medicaments et toxiques, incluant la recherche des principaux alcaloides (et de leurs metabolites) des differentes especes d’Aconit est realise par LC-HRMS. Les concentrations d’aconitine sont secondairement mesurees par LC-MS/MS. Resultats L’aconitine est le seul xenobiotique retrouve dans les echantillons biologiques de la patiente a des concentrations comprises entre de 1,9 a 2,9 μg/L dans le sang, et a une concentration urinaire de 403 μg/L. Dans ces 2 cas graves (fibrillation ventriculaire refractaire) rapportes en France, les concentrations sanguines et urinaires d’aconitine etaient de 1,95, 13 μg/L, 2412 μg/L et 6700 μg/L, respectivement. Entre 2001 et 2015, pres de 5000 cas d’intoxications (incluant des deces) par l’aconit ont ete rapportes dans le monde [1] . Depuis l’annee 2000, 76 cas d’intoxication sont recenses par les Centres antipoison francais avec, dans 36 cas, des signes neurologiques (avec paresthesies precoces), completes, dans 28 cas, par des signes cardiaques (tachycardie, arythmies ventriculaires, hypotension…). Les alcaloides diterpeniques contenus dans la plante provoquent une activation permanente des canaux NA+ (notamment au niveau du myocarde). Dans le cas presente, la symptomatologie a ete peu severe en raison probablement de la dose ingeree moderee, du jeune âge de la patiente et/ou de polymorphismes genetiques connus influant le metabolisme de l’aconitine. Conclusion L’intoxication par Aconit, a dose significative, necessite une surveillance en milieu de reanimation.
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