Un syndrome de Schnitzler révélé par une maladie de Castleman : cas clinique et description histologique

2016 
Introduction La maladie de Castleman (MC) est definie comme une hyperplasie lymphoide benigne rare. Elle est classee en deux formes, une monocentrique en regle indolente et une multicentrique pouvant entrainer des atteintes viscerales graves et qui necessite un traitement immunosuppresseur systemique. La forme multicentrique est associee a de nombreuses maladies inflammatoires. Nous rapportons le premier cas connu d’association a un syndrome de Schnitzler (SS). Nous decrivons une evolution favorable avec un traitement par anti-IL-1, permettant une regression clinique du SS et la remission de la MC. Observation Nous rapportons le cas d’une patiente de 44 ans adressee dans le service de medecine interne pour exploration d’une urticaire associee a une polyadenopathie et une alteration de l’etat general. L’histoire de la maladie debute par une urticaire cutanee chronique traitee par anti-histaminiques puis corticotherapie, sans efficacite clinique. La perte de poids est mesuree a 13 kg. A l’entree dans le service, l’examen clinique retrouve des sueurs nocturnes et un febricule. On palpe des adenopathies supra-centimetriques inguinales, axillaires et sous-maxillaires. L’examen cutane montre une urticaire diffuse avec dermographisme. Il existe des douleurs des hanches et du bassin, de rythme inflammatoire. Sur le plan biologique, hemoglobine 8,4 g/dL, VGM a 62,6 fl, hyperleucocytose a PNN a 20 900/mm 3  et CRP a 150 mg/L. Le bilan infectieux est negatif, en particulier la serologie VIH ainsi que la PCR HHV8. L’electrophorese des protides seriques montre un pic IgM kappa monoclonal dose a 7,8 g/L. Un scanner abdomino-pelvien etait realise montrant une osteocondensation des ailes iliaques. Une biopsie ganglionnaire inguinale est realisee retrouvant une MC dans une forme plasmocytaire. La PCR HHV 8 est negative. Un myelogramme etait realise montrant l’absence d’infiltration plasmocytaire, mais 50 % de lymphocytes avec des atypies cytologiques. Une biopsie osteomedullaire montrait une cellularite de 10 %, une fibrose de stade OMS 2 a 3. Les plasmocytes etaient decrits comme morphologiquement normaux. Il existe un aspect osteosclerotique de l’os. Nous retenons un SS devant l’urticaire chronique, la fievre recurrente, les douleurs osseuses, la polyadenopathie ainsi que le pic monoclonal IgM, selon les criteres se Strasbourg (2 criteres majeurs et 3 criteres mineurs). Un traitement par Anticorps monoclonal anti-Rc IL1 est introduit a la dose de 100 mg par jour. L’evolution est favorable avec la disparition de la fievre et de l’urticaire dans les 48 premieres heures de traitement, puis regression des douleurs ainsi que des adenopathies en quelques semaines. La patiente est revue en consultation un mois apres le debut du traitement montrant une prise de poids de 3 kg. Sur le plan biologique la CRP est negative, l’hemoglobine est a 10 g/dL, le pic monoclonal IgM Kappa est dose a 8 g/L. Trois mois apres le debut du traitement la remission etait persistante. Discussion Nous rapportons le seul cas a notre connaissance d’un syndrome de Schnitzler revele par une MC multicentrique idiopathique. Decrite pour la premiere fois en 1954, la MC est definie comme une hyperplasie lymphoide benigne. La forme multicentrique regroupe un groupe heterogene de maladies, associee a de nombreuses manifestations auto-immunes. Recemment, a ete proposee une nouvelle classification, incluant la MC idiopathique, definie par la negativite de la serologie VIH et sans replication de HHV8 par PCR sanguine ou dans les ganglions [1] . Alors que l’association avec le POEMS syndrome est bien connue, il n’existe pas de description d’association avec le SS. Celui ci est definit par l’association d’une urticaire, d’une gammapathie monoclonale le plus souvent de type IgM et de douleurs osseuses avec osteocondensation. L’utilisation du blocage de l’anti-IL1 a recemment ete demontree comme efficace. L’augmentation de l’IL-1 dans la MC a ete montree, et pourrait etre une des voies d’activation de la MC [2] . Par analogie, cette meme production de cytokine est retrouvee dans la physiopathologie du SS. Un cas dans la litterature rapporte l’efficacite du blocage de l’IL-1 dans la MC idiopathique [3] . Notre experience est donc similaire, avec une efficacite rapide et sans effets secondaires. Conclusion Ce resultat de remission d’une MC idiopathique avec le traitement de la maladie inflammatoire associee supporte l’hypothese de l’apparition d’une MC idiopathique de facon reactionnelle a une inflammation chronique avec des taux eleves de cytokines en particulier l’IL-1 et l’IL-6.
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