Suicide au cyanure : à propos d’un cas

2020 
Objectif Les cyanures designent un groupe heterogene de composees chimiques. Les proprietes toxiques du cyanure sont connues depuis l’antiquite, mais ont surtout marque l’histoire du XXe siecle. De nos jours, les cas de deces associes au cyanure demeurent rares et restent surtout associes aux deces par inhalation de fumee d’incendie, autrement dit au cyanure d’hydrogene. Cependant, une intoxication au cyanure peut resulter de toute une variete d’exposition du fait, notamment, de son large emploi dans l’industrie et de sa presence, a l’etat naturel, dans certains vegetaux sous forme d’heterosides cyanogenes [1] . Nous rapportons ici le cas d’un suicide au cyanure chez un homme de 32 ans. Methode Le corps sans vie d’un homme de 32 ans a ete decouvert a son domicile. Selon les enqueteurs, il aurait fait part de velleites suicidaires a ses proches (au moyen d’une decoction de laurier cerise, notamment) au cours des jours precedant le deces. Le defunt ne presentait aucun antecedent notable et ne beneficiait d’aucune medication. L’autopsie retrouvait uniquement un syndrome asphyxique aspecifique. Compte tenu du contexte, une recherche large des toxiques, des medicaments et des stupefiants a ete realisee dans le sang (peripherique femoral) et l’urine par HPLC-UV-DAD, GC-MS et LC-MS/MS. La recherche et le dosage des cyanures ont ete realise dans le sang preleve sur fluorure de sodium, l’urine, le contenu gastrique et l’humeur vitree par spectrophotometrie (cellule a microdiffusion de Conway). Resultats Les resultats ont mis en evidence la presence de cyanures dans le sang (38 mg/L), l’humeur vitree (2,1 mg/L) et le contenu gastrique (809 mg/L) ainsi que d’ethanol dans le sang (1,33 g/L) et l’urine (1,69 g/L). Conclusion Bien que rares, plusieurs cas de suicide au cyanure sont rapportes dans la litterature. Ces cas concernent le plus souvent des personnes en contact avec cette substance de par leur profession, ce qui n’etait pas le cas ici. Les voies de penetration des cyanures dans l’organisme sont multiples. En cas d’ingestion, l’absorption est generalement tres rapide et les premiers signes d’une intoxication surviennent en quelques minutes. Chez l’homme, les concentrations sanguines sont considerees comme toxiques a partir de 0,5 mg/L. Celles-ci sont considerees comme letales a partir de 1-3 mg/L. L’interpretation des concentrations sanguines post-mortem demeure cependant delicate. En effet, les ions cyanures semblent particulierement impactes par les phenomenes de redistribution post-mortem: il semblerait notamment qu’ils puissent etre degrades sous l’action des bacteries de la putrefaction [2] . Dans le cas present, la concentration mesuree dans le sang (38 mg/L) apparait tres elevee, bien superieures a celles rapportees dans la litterature [3] . La concentration mesuree dans le contenu gastrique (809 mg/L) oriente franchement vers une ingestion de cyanure. Concernant la substance elle-meme, sa provenance reste mysterieuse. En effet, meme si l’achat de cyanure, via internet par exemple, demeure tres vraisemblable, l’hypothese de la decoction de laurier cerise (plante connue pour contenir des heterosides cyanogenes) telle que rapportee par les enqueteurs ne peut etre formellement ecartee.
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